Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
grincheuxmarrant
13 juin 2012

Trop tard pour sauver le soldat Trierweiler

Est-il trop tard pour sauver le soldat Trierweiler? Entre sa carrière de journaliste indépendante et les cérémonies officielles au bras de son mari, il aurait fallu choisir plus tôt.

 

(Valérie Trierweiler à Tulle le 10 juin 2012 - BERNARD-POOL/SIPA)
 
(Valérie Trierweiler à Tulle le 10 juin 2012 - J’étais en train de lire la lettre d’un lecteur de Midi Libre me reprochant mon «corporatisme»  et mon «féminisme»  parce que j’avais intitulé ma dernière chronique dominicale «Il faut sauver le soldat Trierweiler» lorsque la nouvelle est tombée.
 
 A l’heure même où Martine Aubry et Cécile Duflot débarquaient à La Rochelle pour apporter à Ségolène Royal le soutien de la majorité présidentielle et de François Hollande, Valérie Trierweiler envoyait son tweet ravageur de soutien au concurrent socialiste de Royal ! Cette fois, je renonce à essayer de la comprendre.

Lorsque, voilà un peu plus d’un an, le candidat Hollande apparut avec sa nouvelle compagne à la Une de Gala en déclarant «C’est la femme de ma vie», nous fûmes nombreuses, à gauche comme à droite à être choquées: «Et Ségolène Royal? La mère de ses quatre enfants? Il l’efface purement et simplement? Quel mufle!» Toute la semaine, le téléphone fonctionna. Cela reprit de plus belle en octobre, quand le candidat désigné aux primaires  et intronisé  à la Halle Freyssinet à Paris fit son entrée accompagné seulement de Martine Aubry et déploya des efforts visibles pour ne pas embrasser son ex-rivale Ségolène Royal, ralliée non sans panache; puis, en janvier au Bourget, quand le film projeté aux supporters sur l’histoire glorieuse du parti socialiste «oublia» tout simplement de signaler le combat de Ségolène candidate présidentielle en 2007 contre Nicolas Sarkozy; puis en avril à Rennes, lors du premier –et du seul– meeting commun Hollande-Royal, lorsque, après un discours émouvant de la présidente du Poitou-Charentes («On me demande souvent: comment pouvez-vous faire campagne?») Hollande monta en scène et esquissa–en se gardant de lui effleurer la main– le geste de la congédier.

Chaque fois, on devinait en coulisse ou l’on voyait au premier rang le visage tendu de la «compagne officielle» Valérie Trierweiler, et l’on restait stupéfait de son regard glaçant. Chaque fois, on se téléphonait entre femmes, journalistes, élues ou simples spectatrices, pour échanger à mi-voix anecdotes piquantes et réflexions navrées. 

Les confidences de plusieurs des propres compagnons de route de François Hollande ne faisaient que renforcer l’image d’une Trierweiler possessive, exigeante, intervenant à tout propos –l’agenda, le titre d’un livre, l’organisation d’un meeting ou de la cérémonie de transmission des pouvoirs au palais de l’Elysée– mais refusant cependant d’entrer dans le rôle «désuet», disait-elle, «bénévole», soulignait-elle, de «Première dame» contrainte de consacrer une grande partie de son temps à répondre à une immense demande de compassion.        

Le parcours douloureux des premières dames
 
Oubliant le  modèle choisi par Valérie Trierweiler –Danielle Mitterrand, ses croisades de «pasionaria des droits de l’Homme» de la Chine à Cuba, mais aussi ses sorties contre le gouvernement de cohabitation de Jacques Chirac (sorties qui avaient contraint le président socialiste à désavouer sa femme en 1986, avant qu’il se rendit à Europe 1 pour exprimer son «admiration» envers sa «liberté de pensée et de parole et son action») on lui reprochait de n’être pas conforme au modèle Ve République. On pointait aussi un sourire arrogant et des lunettes noires qui faisaient penser à Cécilia Sarkozy –la première à avoir refusé d’entrer dans le rôle.

On l’accusait enfin, comme le faisait vendredi la directrice adjointe de la rédaction de Libération, sous le titre «Non, Valérie Trierweiler n’est pas "normale, de prétendre continuer à exercer son métier de journaliste dans des conditions qui frôlaient le conflit d’intérêts: «On nous avait promis, juré, craché, qu’à aucun moment, la compagne de François Hollande ne s’occuperait de politique, fulminait la rédactrice de Libé…Tiens donc, la culture n’est pas politique? Au lieu de rendre service à la profession, Valérie Trierweiler lui donne un coup de pied de l’âne…»

Pour avoir étudié et raconté le parcours douloureux des premières dames; pour avoir constaté la violence du bizutage envers de ces femmes qui ne sont pas élues et ne figurent même pas sur l’organigramme officiel, mais dont on attend tout, je pensais que Valérie Trierweiler était, en fait, terriblement angoissée. Il convenait donc, comme elle l’avait demandé par tweets à ses confrères, de lui «laisser un peu de temps». Nous n’étions pas des bourreaux, tout de même! Et nous pouvions comprendre le désarroi qui s’empare d’une consoeur passionnée par son métier lorsqu’on lui dit qu’elle devra y renoncer, et même renoncer à la possibilité de gagner sa vie pour élever ses enfants et garder son indépendance. Nous n’allions pas mêler notre voix à celle des machistes et réacs de tout poil. Mais, au contraire, tenter de «sauver le soldat Trierweiler».

Un choix aurait dû être fait

Mais voilà qu’elle se tire elle-même une balle dans le pied. Ou plutôt, qu’elle tire une balle dans le dos de son compagnon. Lui qui voulait tellement faire simple et normal, proche des paysans de Corrèze, mais digne sur la scène internationale et en tout cas différent d’un Sarkozy affiché chaque semaine en couverture des magazines people, le voilà tiré vers le bas, en pleine pipolisation. Comme s’il avait oublié la crise européenne et l’avalanche de plans sociaux! Sous les risées de la droite et les pleurs de rage de la gauche, le couple Hollande et la rivalité Valérie-Ségolène font  la une. Après des mois, des années d’habile et patient travail pour faire oublier «Flanby» et «Hollande le mou»  le président de la République se voit de nouveau caricaturé –aujourd’hui, par les Guignols, demain, par la presse étrangère–, en pauvre garçon indécis, incapable d’imposer son autorité.

On dira qu’il y a bien des raisons de défendre la cause d’Olivier Falorni, le candidat  rochellais cruellement exclu du PS  parce qu’il refusait de céder la place à la présidente du Poitou-Charentes. On dira aussi que Valérie Trierweiler est une citoyenne  comme les autres: elle a le droit de s’exprimer, et qu’elle soit d’un  avis contraire à celui du président et du PS démontre son indépendance d’esprit.

L’ennui, c’est qu’elle aurait dû faire ce choix depuis longtemps. Elle aurait dû refuser, en conséquence, de se montrer sur le tapis rouge du Palais de l’Elysée le jour de la passation de pouvoirs, puis de gravir les marches de la Maison Blanche. On ne peut pas être tantôt Première dame, tantôt  journaliste d’opposition et toujours femme jalouse sans décevoir un peuple et déstabiliser gravement un compagnon président
source marianne
 
Publicité
Publicité
Commentaires
grincheuxmarrant
Publicité
Publicité