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grincheuxmarrant
30 juillet 2012

30 juillet 1683. Louis XIV est en deuil de sa naine espagnole, double cousine et épouse

Pauvre Marie-Thérèse, laide, maladroite, cocue et morte à 44 ans d'un abcès sous le bras mal diagnostiqué par ses médecins.

30 juillet 1683. Louis XIV est en deuil de sa naine espagnole, double cousine et épouse

 

Imaginons Barack Obama marié à Mimi Mathy. C'est, grosso modo, le sort de Louis XIV, car Marie-Thérèse, sa légitime, est une quasi-naine, pas vraiment une pin up, affublée d'un fort accent espagnol, maladroite. Et, forcément, cocue comme toute la Pologne... Attendez, ce n'est pas tout, cette "Grande" d'Espagne a tellement peur des fantômes que, tous les soirs, il faut qu'une femme de sa suite lui raconte des histoires en lui tenant la main pour qu'elle parvienne à s'endormir. Et, quand son époux royal vient accomplir ses devoirs conjugaux, la confidente n'est jamais loin dans la chambre. La reine de France possède une sacrée excuse : du côté de son père espagnol (Philippe IV), l'hérédité est aussi chargée que celle d'un chihuahua à force de mariages consanguins.

À huit ans, Marie-Thérèse est la seule survivante de ses sept frères et soeurs. À noter que Louis XIV et elle sont doublement cousins par le père et la mère. Le père de Marie-Thérèse (Philippe IV) et la mère de Louis XIV (Anne d'Autriche) sont frères et soeurs, de même que le père de Louis XIV (Louis XIII) et la mère de Marie-Thérèse (Élisabeth de France). La famille Tuyau de poêle ! Dans cette affaire, Louis XIV n'a pas eu de pot dans la mesure où la charmante infante était promise depuis son plus jeune âge à l'archiduc Ferdinand, mais celui-ci préfère mourir pour refiler la patate chaude à son frère Léopold. Mais ce dernier est sauvé juste à temps pour une histoire d'alliance franco-espagnole. Marie-Thérèse échouera au roi de France ! Louis demande qu'on lui envoie une photo de sa belle cousine. Velázquez s'exécute en réalisant une caricature atroce. Voilà qui ne rebute pourtant pas le jeune Louis. Au moins, quand il la découvrira en chair et en os, sera-t-il agréablement surpris...

Ménage à trois

Pas longtemps. Le Roi-Soleil se met à enchaîner les maîtresses, les imposant officiellement à la cour. C'est un ménage à trois. Le roi, la belle et la personne de petite taille (chut : la naine)... Malgré tout, Marie-Thérèse aime son époux. Elle se réfugie dans la mini-cour qu'elle rassemble autour d'elle, composée de nains, de moines et de serviteurs espagnols. Le 30 juillet 1683, Marie-Thérèse décède assez vite, juste avant son 45e anniversaire. La malheureuse est victime de l'incroyable incurie de ses médecins.

Dix jours auparavant, le roi et la reine retournent à Versailles après un voyage en Bourgogne et en Alsace. Marie-Thérèse a encore grossi, mais elle affiche toujours une santé éclatante. Ce n'est que le 26 juillet qu'elle commence à se plaindre de petits malaises qui se poursuivent le lendemain. Personne n'y attache vraiment d'importance. Elle sent, pourtant, une grosseur s'épanouir sous le bras gauche. Le 27 au soir, la fièvre apparaît. Conviés à son chevet, les médecins constatent effectivement la grosseur sous son aisselle. Mais ces imbéciles, confirmant tout le mal que pense d'eux Molière, identifient un rhumatisme. Ils ordonnent le seul remède qu'ils connaissent : la saignée. Le lendemain, la santé de la reine se dégrade encore. La température monte, la douleur s'amplifie. Les trois médecins du roi et de la reine, d'Aquin, Fagon et Moreau, entrent en conciliabule. La mine grave, utilisant le latin, ils se consultent longuement puis s'accordent sur une saignée... du pied. Sans doute pour la punir de ne l'avoir jamais pris !

Grave erreur médicale

À l'époque, les médecins sont des intellos qui se gardent de toucher leurs malades. Quand ils ont besoin de mettre la main à la pâte, c'est au barbier-chirurgien qu'ils font appel. En l'occurrence Pierre Dionis, lequel s'étonne du remède prescrit. Il le juge même inopportun, car il affaiblira inutilement la reine. Dionis prend son courage à deux mains pour s'adresser à Fagon : "Monsieur, y songez-vous bien ? Ce sera la mort de ma maîtresse !" Fagon n'a pas l'habitude qu'un chirurgien conteste ses ordres : "Faites ce que je vous ordonne !" La mort dans l'âme, Dionis s'exécute. "Vous voulez donc que ce soit moi qui tue la reine, ma maîtresse ?"

À 11 heures, le chirurgien saigne la pauvre reine. Aussitôt, elle tombe en syncope. Jouant son va-tout, le triumvirat médical ordonne un émétique pour la faire vomir. Victoire : la fièvre retombe. Le petit souci, c'est qu'elle retombe si bas qu'à 15 heures Marie-Thérèse expire après un léger regret : "Depuis que je suis reine, je n'ai eu qu'un seul jour heureux." Quant à Louis XIV, il a ce mot merveilleux en apprenant sa mort : "C'est le premier chagrin qu'elle me cause." L'autopsie pratiquée le lendemain montre la pertinence du diagnostic de Pierre Dionis. C'est bien l'abcès à l'aisselle qui a tué la reine en crevant à l'intérieur du corps, déclenchant une septicémie. Une simple incision aurait suffi à faire écouler le pus au-dehors et à sauver Marie-Thérèse. Grave erreur médicale. Johnny envoie un mot de condoléances à Louis XIV en lui notant le nom de son avocat.

source le point

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grincheuxmarrant
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