Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
grincheuxmarrant
15 août 2012

«Il faut des interpellations», explique Manuel Valls aux policiers après les émeutes à Amiens

Seize blessés parmi les policiers, des tirs de mortiers, mais aucune interpellation! Après les affrontements entre jeunes et forces de l'ordre qui se sont produits dans le quartier d'Amiens-Nord, dans la nuit de lundi à mardi, le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, s'est rendu sur place, mardi 14 août. Le ministre est déterminé, mais son autorité ébranlée. Reportage de notre envoyé spécial à Amiens.

(Manuel Valls, le 14 août - Mathias Destal)
(Manuel Valls, le 14 août - Mathias Destal)
Il est 15h30, Manuel Valls vient de pénétrer, sous les huées et les insultes, à l’intérieur de l’Atrium, une antenne de la mairie de quartier, située à Amiens-Nord. Dehors, la foule est dense et compact. Des groupes de jeunes – beaucoup de jeunes – et des adultes se serrent, bloqués par un cordon de gendarmes mobiles qui a pris place devant l’entrée du bâtiment. Le climat est tendu.
 
Accompagné de son état major, le ministre de l’Intérieur a bousculé son agenda pour venir dans ce quartier d’Amiens où les affrontements de la nuit de lundi à mardi, entre jeunes et forces de l’ordre, ont fait seize blessés dans les rangs des policiers. 
 
L’intensité de l’affrontement – les policiers ont essuyé des tirs de chevrotine et de mortier – et l’incendie d’une école maternelle et d’un gymnase du quartier nécessitaient la présence du premier flic de France sur place. «Le président ma demandé d’être ici», a d’ailleurs souligné Manuel Valls. 
 
Pour lui, ces émeutes sont un premier vrai test après seulement trois mois passés Place Beauvau. Il a donc occupé le terrain et voulu affirmer son autorité en se rendant rapidement dans l'oeil du cyclone. «Il faut que l’ordre revienne» ; «Je souhaite que l’ordre, aujourd’hui, redevienne une réalité» ; «l’ordre doit revenir»… a-t-il répété tout au long de sa visite. En ne manquant pas néanmoins de se démarquer de Nicolas Sarkozy : «Je ne suis pas venu pour qu'on passe au Kärcher ce quartier. Je ne suis pas venu pour mettre en cause une communauté, des jeunes dans leur ensemble, je suis venu dire qu'ici (...) la loi et la justice doivent passer.»

« Allez les mecs, réactif, réactif ! »

 
Une visite commencée à l’Atrium par un entretien d’une demi-heure avec la famille d’un jeune homme de 20 ans mort, jeudi, après un accident de moto. Dans le quartier, certains pensent que l’émeute de la veille est liée à un contrôle d’identité effectué par la Brigade anti-criminalité (BAC) – «la provocation de trop» pour la grande sœur de la victime – qui a eu lieu à proximité d’une cérémonie organisée en hommage au jeune homme, dimanche. «C'est la faute de la BAC», pouvait-on aussi entendre crier dans la foule lors de l'arrivée du ministre.
 
Après cette entrevue, Manuel Valls devait, selon les premières informations délivrées par la préfecture de la Somme, faire un tour dans le quartier, à la rencontre des habitants. Il n’en a rien été. Les admonestations d’une partie de la population ont dû avoir raison du parcours initial. 
 
C’est donc en voiture et sous la protection d’une vingtaine de gendarmes mobiles sur équipés que le ministre s’est rendu directement à l’école maternelle détruite par les flammes. De l’école encore fumante, il ne reste rien, sinon un tableau blanc velleda accroché à l’entrée. «S’attaquer à une école, c’est un coup de poignard contre la République», lâche alors le ministre.
(Les restes de l'école maternelle - Mathias Destal)
(Les restes de l'école maternelle - Mathias Destal)

Derrière les grilles de l’école un attroupement se forme. Alors quand le ministre retourne à sa voiture, les gendarmes font bloc tout autour de lui. «Allez les mecs, réactif, réactif !» lance un membre du commandement. Protégé derrière eux, le ministre ébauche une discussion avec un groupe de jeunes : 
 
- «Ils [les policiers] arrêtent pas de tourner, juste pour nous provoquer», dit l’un d’eux.
- «On a besoin de la police dans les quartiers», rétorque le ministre.
- «Ouais, ça d’accord, mais faut pas mettre des cons qui passent leur temps à nous contrôler...»
 
Le ministre n’ira pas plus loin, poursuivant sa route, direction l’Hôtel de police d’Amiens, où il doit rencontrer les dix fonctionnaires blessés par les tirs de chevrotine. La presse est invitée à suivre la rencontre de l’extérieur et les caméras de télévision à tourner des images rapidement, chacune leur tour. 
 
Lors de l’échange, des images enregistrées à l’aide d’une caméra installée sur l’hélicoptère mobilisé pendant la nuit de l’émeute sont diffusées sur un mur. On y distingue des grappes d’individus au pied des tours, et en mouvement. On voit aussi des barrages de feu d’une quinzaine de mètres de long servant à barrer les voies aux forces de l’ordre. Difficile de dire si les gens sur les vidéos sont cagoulés ou identifiables. 
 
Manuel Valls a un dernier message à faire passer aux policiers et à leur hiérarchie : «Maintenant, il faut des interpellations, vous êtes suffisamment nombreux pour agir». Aucune interpellation n’a eu lieu lors des affrontements qui ont opposé 150 policiers à une centaine de jeunes. «C’est pas qu’on ne voulait pas, c’est qu’on ne pouvait pas, confie un fonctionnaire présent lors de l’intervention. C’était une vrai scène de guérilla»
 
source marianne 

Publicité
Publicité
Commentaires
grincheuxmarrant
Publicité
Publicité