Ce soir sur France 2, Sarkozy est déjà dos au mur
Invité à son tour pendant deux heures, en direct sur France 2, de l’émission « Des paroles et des actes », le candidat Nicolas Sarkozy y affrontera ce soir, notamment, Laurent Fabius.
Les sondages ne sont que des sondages. Et Nicolas Sarkozy en sait quelque chose, lui qui avait, en 1994, sur la foi des sondages, lâché Jacques Chirac et s’était engagé à fond derrière Edouard Balladur, qu’il avait (dans ses rêves) déjà installé à l’Elysée. On connaît la suite. Il n’empêche : même si tout peut arriver dans une campagne présidentielle (surtout quand le duel final, en tête-à-tête, n’a pas eu lieu), les sondages sont aujourd’hui, pour le candidat Sarkozy, un grave signal d’alarme. Certes, ce à quoi bien peu d’augures croyaient il y a encore six mois, il est –malgré la gravité de la crise, le chômage, l’Europe ébranlée et… la concurrence de Marine Le Pen d’un côté, de François Bayrou de l’autre – en seconde position. Mais il serait, au second tour, très nettement distancé par François Hollande, le « candidat normal » dont l’Elysée a clairement sous-estimé l’habileté et même le poids
Voici donc Nicolas Sarkozy – extraordinaire bagarreur, et que les procès personnels d’une violence inouïe qu’instruisent la gauche et l’extrême-droite contre lui depuis deux ans auraient plutôt tendance à « doper » – dos au mur. Premier objectif : ne pas se laisser « décrocher » davantage, tout simplement. Second objectif aujourd‘hui : ne pas se laisser enfermer totalement à droite, au risque de voir l’électorat centriste (et les fameux « corps intermédiaires » tant stigmatisés par le « président-candidat ») préférer, plutôt que le sortant, François Hollande et le « PS planplan », comme dit Mélenchon.
Or, dans une Europe qui, globalement, vire à droite, c’est une des clés de ce qui se passe actuellement, au moins dans les sondages. Dans les enquêtes quotidiennes successives de l’Ifop pour Paris-Match , pas loin des 2/3 de l’électorat centriste (qui n’a pas de représentant au premier tour) voterait en effet au second tour pour le candidat PS. Facteur aggravant pour Nicolas Sarkozy : en l’état, un quart de l’électorat frontiste ferait de même, soit par « haine » du président-candidat (dans ce cas, le mot n’est pas trop fort), soit parce qu’il s’agit d’un électorat ouvrier qui retrouverait alors son « camp ». Plombé par la crise (alors qu’il aura pourtant joué, sur le front européen, un rôle absolument crucial pour éviter le dérapage généralisé des économies occidentales) et présenté efficacement par la gauche comme le « président des riches », voilà donc Nicolas Sarkozy – il connaît bien cela – dos au mur et assez isolé puisque son propre camp ne fait pas bloc quand il met en cause, par exemple, une « immigration incontrôlée »et les « dérives communautaristes » en France.
Alors, sur qui peut-il compter ? D’abord, sur lui-même, ensuite sur les événements (par définition imprévisibles). Que se passerait-il, par exemple, si Marine Le Pen n’avait pas ses 500 signatures ? Il reste que, pour le « président-candidat », cerné par tous ses adversaires (de l’extrême-droite à l’extrême-gauche) et déjà dos au mur, si le combat n’est pas perdu, il est devenu extraordinairement difficile. Le moins que l’on, puisse dire, c’est qu’il n’est plus « que » challenger. C’est dans cette situation-là – qui l’eut cru ? – qu’il va ce soir trouver sur sa route Laurent Fabius lequel, malgré l’antipathie (mot faible) que lui a longtemps inspiré Hollande, rêve toujours de… retrouver Matignon. Vingt-huit ans après !
source france soir