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grincheuxmarrant
3 avril 2012

Justice: le bégaiement électoraliste de Sarkozy

Justice: le bégaiement électoraliste de Sarkozy

Mais pourquoi diable Nicolas Sarkozy distille-t-il sans cesse, dès qu’il s’agit de justice, d’étourdissantes myriades de micro idées, micro propositions, plutôt qu’un programme global et cohérent? Pourquoi l’homme d’État responsable qu’il prétend être ne se décide-t-il pas, une fois pour toutes, à condenser son ambition pour la justice dans une grande loi qui lui éviterait de modifier toujours ce qu’il a fait voter un peu plus tôt ? Pourquoi, par exemple, venir, samedi 31 mars devant l’Institut pour la Justice, proposer de réviser encore les textes sur la rétention de sûreté –en imposant aux cours d’Assises la motivation de leurs décisions d’autoriser le placement en rétention à l’issue de la peine– et sur les peines-plancher –en les étendant aux « réitérants »– alors qu’ils ont été promulgués il y a quelques années à peine ? Pourquoi la matière pénale devrait-elle indéfiniment faire l’objet de cette révision permanente, au risque malheureusement avéré de lui faire perdre toute cohérence ? Pourquoi les cinq années qui viennent de s’écouler n’ont-elles pas permis à ce président sortant de mettre en œuvre ses conceptions sur la justice, et ce au point qu’il faudrait encore aujourd’hui remettre l’ouvrage sur le métier ? Et si, comme on nous le dit, ces propositions visent à éradiquer le crime, pourquoi en avoir différé l’adoption au risque évident que, dans l’intervalle, s’en soient commis de nouveaux qu’on aurait, toujours selon cette logique, pu éviter ?

L'annonce perpétuelle comme technique de gouvernement

Peut-être parce que, en matière de sécurité et de justice, l’art de la mise en scène et celui de l’annonce perpétuelle sont devenus, depuis une dizaine d’années, de véritables techniques de gouvernement destinées à vouer à la vindicte un bouc émissaire commode, le délinquant, à permettre, à partir de cette vindicte, la cohésion d’un corps social que tout condamne au morcellement, et à focaliser l’attention, avec un singulier sens de la diversion, sur un domaine, la sécurité, où fonctionne encore un attribut évident de la relation à « l’homme de pouvoir » qu’on pourrait appeler, en paraphrasant Pierre Legendre, l’amour du censeur. Or, ces techniques, il ne faudrait surtout pas les user en les tarissant.

 

Le problème que rencontre désormais le candidat est celui de la taille de la ficelle.

 

Et, samedi, les sourires contents de soi du démagogue en action étaient un peu trop appuyés, le mot « monstre » un peu trop souvent répété, les effets rhétoriques un peu trop gras (« Certains m’ont même reproché ma compassion pour les victimes » - Non, votre instrumentalisation permanente de cette compassion éventuelle au profit de votre propre gloire politique…), la construction d’une posture iconoclaste trop voyante à force d’être rabâchée (Moi, seul contre « l’entre soi », « la caste », « les beaux esprits, pardon, les esprits forts »…), la phraséologie électoraliste trop évidente là où l’élégance et la dignité auraient appelé le silence et la pudeur (« Je n’ai oublié le visage d’aucune de ces victimes »). Les meilleurs plats, les meilleurs alcools, à trop forte dose, deviennent écœurants.

source libération

 

La question est donc : qui peut encore y croire ?

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grincheuxmarrant
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