Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
grincheuxmarrant
5 avril 2012

Bettencourt: comment oser parler de «boule puante» ?

Bettencourt: comment oser parler de «boule puante» ?
Quel effroi, vient de ressentir notre blogueuse associée en découvrant, ce matin dans Le Figaro, que Nicolas Sarkozy accusait l'affaire Bettencourt d'être une «boule puante», «comme il y en a toujours un certain nombre avant la présidentielle», a-t-il précisé. Sous-entendu, envoyée par le PS? « Ceci n’est pas une "boule puante" mais un… agenda! » défend Lait d'beu.

 

(Nicolas sarkozy - ALFRED/SIPA)
(Nicolas sarkozy
 
Karachigate, dossiers Takieddine et les multiples volets de l’affaire Woerth-Bettencourt, Nicolas Sarkozy a longtemps cru pouvoir faire l’autruche… Encore un effet de sa mentalité magique propre aux enfants, aux insanes d’esprit : si l’on n’en parle pas « ça existe pas » eût dit le poète (Jean Tardieu) ou autre modalité : « J’ai parlé… Ya pu de problème » qu'il nous a servi tant de fois que je ne perdrais pas mon temps à en faire la recension.

Or donc, après avoir fait le mort depuis la mi-juin 2010 quand éclata au grand jour l’affaire Woerth-Bettencourt et ses rebondissements à répétition, il est rattrapé une fois de plus par cette affaire, actuellement instruite par un juge d’instruction qui semble pugnace. Lequel juge Gentil (pas pour Sarko !) semble avoir mis à jour en Suisse - grâce à des commissions rogatoires internationales - un système de compensation qui semble avoir permis le rapatriement en France de 4 millions d’euros en liquide depuis Genève (Marianne2 13 mars 2012).

La question du financement - peut-être - illégal de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 revient bien évidemment sur le tapis puisqu’il avait été établi en 2010 - malgré moult dénégations - qu’aussi bien Eric Woerth et Patrice de Maistre - le gérant de la fortune de Liliane Bettencourt - s’étaient bien rencontrés pour une remise de fonds corroborée aussi bien par des relevés bancaires que par les carnets de Claire Thibout quand elle était encore la comptable de Liliane Bettencourt.

Or, le juge Gentil explore l’agenda de Liliane Bettencourt, lequel semble - le conditionnel s’impose toujours - également corroborer la possibilité d’une rencontre entre Nicolas Sarkozy et André Bettencourt (mort depuis). Très exactement le 27 février 2007 à en croire Le Monde Nicolas Sarkozy a-t-il rencontré André Bettencourt en février 2007 ? (2 avril 2012) puisque à cette date il est mentionné « A 12 heures pour Monsieur Nicolas S. »… « Monsieur » faisant bien évidemment référence à André Bettencourt pour les membres du personnel devant avoir accès à cet agenda. Si l’agenda dit vrai il apporte un sacré démenti à Nicolas Sarkozy qui a toujours prétendu n’avoir rencontré André Bettencourt qu’à deux reprises, lors de dîners et en présence de plusieurs convives.

Voilà qui ne va pas contribuer à rabibocher Nicolas Sarkozy avec les journalistes en général et ceux du Monde en particulier, puisqu’il les accuse fort stupidement de « faire campagne pour François Hollande ». Ce qui témoigne à l’envie de sa conception de l’indépendance des journalistes et du « bon journal et des bons journalistes » : faisant campagne pour lui ! Cf. Le Figaro - sous la houlette de Serge Dassault et Etienne Mougeotte mais au grand dam d’un grand nombre de journalistes (y compris de grandes pointures) qui sont allés jusqu’à voter une motion de défiance, ne voulant pas que leur journal devint « le bulletin paroissial de l’Elysée ».

En ce qui concerne la haine quasi viscérale de Nicolas Sarkozy je ne peux que vous conseiller la lecture de l’article de Laurent Neumann (Marianne n° 779 du 24 au 30 mars 2012) : « Comment Sarkozy bastonne les journalistes »… Il suffit qu’il soit de mauvaise humeur pour une raison ou une autre pour cracher son venin sur les journalistes d’une manière proprement ahurissante. L’humiliation et la peur - il fait licencier les journalistes qui lui auront déplu d’une manière ou d’une autre plus vite que son ombre… et paraîtrait-il Carla Bruni procède de même - comme mode d’emploi. Il est d’ailleurs exactement identique en cela à Bush et aux scientologues : les journalistes sont soit des amis soit ennemis, m’apprend l’article dont je rappelle cette époustouflante déclaration qui mérite d’être gravée dans le marbre du sarkozysme :

« Vous les journalistes, les Français vous détestent, vous ne savez pas à quel point ils vous détestent ».

Outre qu’en psychanalyse l’on nomme cela projection, il me semble évident que Nicolas Sarkozy n’a pas pris l’exacte mesure de la détestation dont il est l’objet parmi une frange importante de la population. Réponse les 22 avril et 6 mai 2012. Il me semble au demeurant que ce n’est pas en tapant comme un sourd - dingue - contre les syndicats (CGT et CFDT) parce qu’ils ont l’outrecuidance de se mêler de politique - entendre qu’ils n’appellent pas à voter Sarkozy à l’inverse de Laurence Parisot qui sombre définitivement dans la bêtise la plus crasse - qu’il améliorera son image dans l’opinion publique. Mais c’est un autre sujet sur lequel je reviendrais.

Or donc, le juge Gentil a décidé de placer Patrice de Maistre en détention provisoire le 22 mars 2012 ce qui bien entendu avait fort déplu à Nicolas Sarkozy qui en la circonstance avait laissé s’exprimer François Fillon à sa place. Toujours la stratégie du silence comme le soulignait le 31 mars 2012 Eric Decouty dans Libération Affaire Bettencourt : pour Sarkozy, le silence est d’argent : « Maintenu en prison, Patrice de Maistre, homme clé mais maillon faible de l’affaire Woerth-Bettencourt, pourrait-il tout révéler ? »

Qu’il se taise ou non - peut-être passera-t-il à table s’il s’agit de sauver sa peau ? - les documents possédés et qui se corroborent les uns les autres - par le juge Gentil semblent accablants pour Nicolas Sarkozy, pour l’instant protégé des investigations judiciaires par son immunité présidentielle. S’il n’est pas réélu, il est plus que vraisemblable qu’il devra s’expliquer devant les juges et ne pourra plus se contenter de botter en touche comme il le fit à Annecy le 16 février 2012 en répondant à une question d’un journaliste de Médiapart sur la mise en examen récente d’Eric Woerth : « Je n’ai pas envie de parler de ça. On est en démocratie, et on a bien le droit de ne pas répondre aux questions. Vous avez le droit de les poser, j’ai le droit de ne pas y répondre ».

« Tout à fait, Sarkozy ! » mais comme le souligne Eric Decouty, il n’en est pas moins menacé par une « bombe judiciaire » - au demeurant, pas seulement une ! Forcément à fragmentation… Raison supplémentaire pour souhaiter qu’il fût battu le 22 avril car le spectacle du feuilleton des différents scandales politico-financiers qui ont émaillé le quinquennat de Nicolas Sarkozy depuis 2009-2010 ne sont rien en comparaison ! Les murs de l’hôtel particulier de Carla Bruni, villa Montmorency dans le chicos XVIe arrondissement - à condition qu’elle ne le larguât point séance tenante s'il échoue à l'élection présidentielle - criblés d’éclats des bombes principales, sans oublier ceux des sous-munitions et pourquoi pas ? Un peu d’uranium appauvri pour corser le tout.

« Mesdames et Messieurs, prenez place, le spectacle va commencer » (Fugain) et je ne vous dis pas comment je suivrais tout cela avec autant d’attention que de délectation de mon petit 45 m² de Montmorency, mais dans le Val d’Oise.

J’avais déjà souligné dans un article récent « Tous pourris » ! Sarkozy, Guéant, Fillon : même mépris de « L’esprit des lois » (1er avril 2012) que François Fillon avait plus que franchi la ligne jaune en « s'étonnant » de la mise en détention de Patrice de Maistre avant de retirer ses propos (Le Monde du 29 mars 2012) dans la mesure où il foulait aux pieds un principe juridique établi, à savoir que l’on ne doit pas critiquer une décision de justice.

Ce qu’il en avait pu dire ressemble furieusement aux attaques proférées aujourd’hui par Nicolas Sarkozy quand il parle de boules puantes « Ce que je peux remarquer, c'est qu'il y a quand même des coïncidences : à chaque fois que François Hollande est un peu en difficulté dans les sondages, on trouve de nouvelles affaires qui naissent ou réapparaissent. Aujourd'hui, on nous sort de nouveau l'affaire Bettencourt, sans que jamais le début du commencement d'une preuve n'ait été apporté. Il y a des méthodes qui à mon avis ne tromperont pas les Français ».

Rien moins que la remise en cause de l’indépendance des juges. Comme si le calendrier de leurs investigations suivait l’agenda politique ! Il est fonction des éléments de l’enquête qu’ils relèvent et notamment les commissions rogatoires internationales. De surcroît, Nicolas Sarkozy est fort mal placé puisqu’il a fait des pieds et des mains - par l’intermédiaire du procureur Courroye à Nanterre - pour qu’il n’y ait pas d’enquêtes judiciaires confiées à des juges d’instruction.

Or, premier point, la cour d’appel vient de confirmer le maintien en détention de Patrice de Maistre (Dépêche AFP 30 mars 2012). Julie Fraysse indiquant que Pierre Nalbert, l’avocat général - donc représentant le parquet - « soutint le raisonnement des juges qui réclamaient le maintien en détention en avançant des risques de pression, de disparition de preuves et que M. de Maistre ne puisse nuire aux investigations ». Voire pour sa propre protection ? Ce n’est pas une simple vue de l’esprit puisqu’une dans ce dossier une personne s’était rétractée, affirmant avoir reçu des menaces de mort… Mazette !

Pierre Nalbert - dépendant hiérarchiquement du ministre de la Justice a assuré que le parquet ne veut qu’une chose, que « la vérité soit faite dans une affaire au préjudice considérable » (18 millions d’euros selon la partie civile).

Honnêtement, je ne pensais pas que Nicolas Sarkozy - annoncé comme le toquard par les sondages portant sur les intentions de vote au second tour du prix du Président de la République - prendrait ainsi le mors aux dents. C’est dire comment je tombai à la r’bidaine ce matin en voyant sur ma boîte et Google Actus des titres indiquant que Nicolas Sarkozy concernant l’Affaire Bettencourt dénonçait une « boule puante » (Le Figaro 4 avril 2012)

En scottish-terrier flairant la bonne piste je me suis bien évidemment mise en chasse à la recherche d’autres articles. Je ne les ai pas tous ouverts, faute de temps et parce que trop souventes fois les journalistes se contentent de reproduire - plus ou moins partiellement au demeurant - les dépêches d’agence… Je ne suis pas journaliste mais me sens tout à fait capable de lire et comprendre les dépêches pour en tirer la substantifique moelle et mes commentaires et conclusions pour rédiger mes articles.

J’ai cependant extrait les déclarations de Nicolas Sarkozy - qui valent de mon avis plus que leur pesant de cacahuètes ! - de l’article de Libération L'affaire Bettencourt, une «boule puante» pour Sarkozy (3 avril 2012) car il me semblait le plus complet. Franchement, Nicolas Sarkozy nous prend pour de parfaites guiches.

Cela commence par l’affirmation qui m’avait fait d’emblée subodorer du très, très lourd : « Comme toujours avant la présidentielle, il y a un certain nombre de boules puantes, c'est classique, ça ne surprend personne, ce n'est pas pour autant que c'est avéré »… D’habitude, c’est lui qui lance ou fait lancer des boules puantes. Ça lui fait évidemment tout drôle d’être mis en cause, à ceci près qu’il ne s’agit pas d’une boule puante à proprement parler mais plutôt d’un retour de boomerang judiciaire… il a fait le mort et cela pourrait augurer un peu plus de sa mort politique.

Je ne vous dis pas le festival de mensonges s’agissant de ses comptes de la campagne de 2007 - validés par le Conseil constitutionnel… Au centime près. Ben, oui quoi ! Si l’argent était frauduleux et s’il a servi à des dépenses qui n’ont pas été répertoriées en tant que dépenses de campagne du candidat Sarkozy, que voudriez-vous que le Conseil constitutionnel les conteste ? J’ai bien ma petite idée sur la question de l’usage qui pourrait avoir été fait au moins partiellement des 4 millions d’euros découverts par le juge Gentil mais pour l’instant je préfère la garder pour moi, n’ayant d’autres sources de renseignements que les médias, je ne veux pas m’aventurer sans biscuits.

Or donc, il peut affirmer - pour l’instant - et avec tout l’aplomb qui lui est coutumier que « ces comptes n’ont été contestés par personne, qu’ils ont été certifiés par la Commission des comptes de campagne qui n’a pas trouvé un centime dont on se demande d’où il vient, pas une dépense dont on se demande par qui elle a été financée (…) Pourquoi voulez vous qu’il y ait un financement illégal alors même que recettes et dépenses ont été contrôlées millimètre par millimètre et qu’il n’y a pas l’ombre d’une contestation (…) que le Conseil constitutionnel les a confirmés (…) qu’ils sont tellement exacts que personne n’y a trouvé à redire, il n’y a pas eu un contentieux ».

Et cerise sur le gâteau « C’est d’ailleurs une des premières fois parce qu’en général, la campagne de M. Balladur, la campagne de Chirac, campagne des uns, campagne des autres… ». Tiens, donc ! Il devrait la fermer sur la campagne de Balladur puisque l’on retrouve le Karachigate ! Qui pourrait bien le rattraper itou.

Mais la belle preuve que voilà ! Les comptes de Balladur avaient été contestés par la Commission des comptes elle-même - pour des sommes très importantes perçues en liquide et prétendues collectées lors des meetings - et c’est le parfait honnête homme : Roland Dumas, alors Président du Conseil constitutionnel qui les avait fait valider.

Sauf des escrocs à la petite semaine qui n’ont pas les moyens de se payer un comptable marron ou a fortiori un expert-comptable, il est quasi impossible de déceler une fraude à première vue comme en témoignent toutes les affaires où furent mis en cause des groupes multinationaux présentant des comptes de résultat et des bilans mensongers. Certifiés qui plus est par les agences de notation ou les ex agences d’audit financier (Andersen, notamment) qui ont sombré à cause des scandales : Eron, WorldCom ou Parmalat, notamment.

Nicolas Sarkozy admet - enfin - avoir pu rencontrer André Betten-court en février 2007 mais s’empresse d’ajouter « Je ne sais pas ce que je faisais il y a cinq ans (…) Si la question est : auriez-vous pu rencontrer André Bettencourt : bien sûr. Quel est le problème, quelle est l'histoire, quelle est l'information ? »… «L’information» tient en l’existence d’un agenda qui fait état de cette rencontre qu’il avait toujours niée farouchement.

Ensuite, ce que je considère comme le clou de sa démonstration « Sur André Bettencourt, j'étais vingt ans maire de Neuilly, ils habitaient Neuilly, il a été sénateur pendant que j'étais député, il était dans la majorité, la même que la mienne, jusqu'à présent. M. Bettencourt c'était un délinquant ? Ce pauvre homme qui est mort depuis des années »

« Le pauvre homme » ! On croirait du Molière et précisément « Tartuffe » ! Qu’il fût mort depuis des années (fin 2007 si ma mémoire ne m’abuse) ne change rien au problème. M’sieur Sarkozy, les délinquants ne vivent pas tous dans les banlieues misérables et ne portent pas forcément la casquette à l’envers. La délinquance en col blanc existe et un quidam très fortuné qui met son flouze à l’abri dans des comptes en Suisse (au moins depuis 1981 et la panique de l’arrivée de la gauche au pouvoir) ou achète une île au nez et à la barbe du fisc est tout autant un délinquant.

Nicolas Sarkozy est contraint de se défendre. Il ne peut envoyer personne d’autre au charbon car il était le chef de l’UMP et seul responsable de sa campagne électorale, les autres n’étant que des sous-fifres. Il passe à l’offensive mais comme un boxeur acculé dans les cordes. Méfions-nous car il ne connaît que les coups bas. Que va-t-il inventer de nouveau pour faire chuter François Hollande ?
source marianne
Publicité
Publicité
Commentaires
grincheuxmarrant
Publicité
Publicité