Turquie«Ce voyage était un attrape-nigaud»
«Ce voyage était un attrape-nigaud»
«C’était un voyage pour nous vendre des choses», raconte René C., amer, depuis son lit d’hôpital. Ce rentier AI de 50 ans était l’un des seuls Romands à bord du car de la compagnie Decatours qui a percuté une glissière de sécurité hier sur l’autoroute non loin de la ville turque d’Antalya.
Comme une quinzaine d’autres touristes suisses, ce père de famille de Morat (FR) était arrivé samedi dernier dans cette ville d’un million d’habitants au sud de la Turquie pour y passer une semaine de vacances à la mer, avec son épouse, leur fille de 15 ans et une amie. «C’est un séjour que nous avions soi-disant gagné en septembre dernier», raconte le Fribourgeois, qui précise avoir pour habitude d’aller plutôt skier à Pâques. L’entreprise, une obscure agence basée en suisse alémanique, garantissait que les heureux gagnants avaient remporté un lot d’une valeur de 500 francs. «C’était un attrape-nigaud: au final, on a dû débourser 1000 francs chacun.»
Excursion de deux jours
Très vite, l’arnaque révèle ses contours. Lundi, après être allés visiter une bijouterie, les voyageurs apprennent qu’ils passeront la nuit dans un autre hôtel, à plusieurs centaines de kilomètres du leur, sous prétexte qu’un festival allait avoir lieu dans leur gîte. «Hier, nous sommes allés à la rencontre de marchands qui voulaient nous vendre des tapis», reprend le Fribourgeois. Après une halte incontournable aux très touristiques sources de Pamukkale, les Suisses reprennent la route pour découvrir le travail d’artisans locaux.
«Le bus roulait normalement»
Vers 16h, sur l’autoroute, alors qu’ils n’étaient plus qu’à une vingtaine de minutes de route d’Antalya, c’est le drame. «Le bus roulait normalement, la plupart d’entre nous étions attachés, et sur la route il n’y avait personne ni devant ni derrière. Quand soudain le car a commencé à se balancer de part et d’autre.» A en croire le Romand, le car aurait percuté la glissière en béton, avant de se renverser. «Ça a fait un sacré bruit. Des automobilistes se sont arrêtés pour nous aider, et les ambulances sont arrivées rapidement.» René C. n’a entendu personne paniquer; tout ce qui importait à ce père de famille, c’était de retrouver sa femme et sa fille.
Bilan encore incertain
Sa fille, une écolière de 10e année à Morat, en est sortie indemne, tout comme leur guide. Alors que la mère et l’amie de celle-ci sont légèrement blessées et hospitalisées dans le même établissement que René C., à Antalya. Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) confirme l’accident, mais ne détaille pas le nombre de blessés. Selon le site Blick.ch, deux des vingt passagers auraient succombé à leurs blessures. «Comme quoi ça n’arrive pas toujours aux autres, conclut le Fribourgeois, philosophe. On va quand même essayer malgré tout de terminer nos vacances.»
source le matin