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grincheuxmarrant
15 avril 2012

Le million manquant de l’appartement de Sarkozy à Neuilly

 
 

RécitUn prêt de l’Assemblée nationale pas aussi élevé que le dit le bénéficiaire et une étonnante plus-value à la revente… Le flou persiste sur l’achat d’un duplex par le chef de l’Etat en 1997.

Du Fouquet’s et du yacht de Bolloré au flou sur le financement de son appartement sur l’île de la Jatte à Neuilly en 1997 : d’un bout à l’autre de son mandat, Nicolas Sarkozy traîne la question de son argent personnel comme un boulet. Interrogé sur le financement de cet appartement, par le site Mediapart, le 5 avril, en conférence de presse, Sarkozy a botté en touche vers l’Assemblée nationale : «Les prêts dont j’ai bénéficié par l’Assemblée nationale, c’était entre 1995 et 1997. A l’époque, voyez-vous, c’était une majorité de gauche qui se trouvait à la tête de l’Assemblée nationale. Donc, si des prêts m’ont été attribués, comme à tous les députés, c’est sans doute qu’il devait y avoir de bonnes raisons.»

 Plafond. Selon Mediapart, citant des sources à la questure de l’Assemblée nationale, Nicolas Sarkozy a bénéficié d’un prêt de 1,68 million de francs (environ 260 000 euros) au taux de 2%. Il se décompose en un plafond (environ 1,2 million de francs) et des compléments familiaux autorisés pour les parlementaires avec enfants. Dans un courrier officiel, Bernard Accoyer, président (UMP) de l’Assemblée, a précisé que «le prêt accordé à M. Sarkozy au second semestre 1997, en période de cohabitation, n’a pas dérogé aux règles en vigueur, ni en termes de taux d’intérêt, ni concernant son montant».

Première contradiction : en janvier 2007, Nicolas Sarkozy avait indiqué à lExpress avoir bénéficié d’un prêt de 3 millions de francs de l’Assemblée. Après les précisions fournies par le Palais Bourbon, mardi, il semble acquis que le chef de l’Etat a menti sur ce point.

Deuxième question : d’où provenaient le 1,85 million de francs utilisé pour l’achat du duplex ? Dès 2007, le Canard enchaîné avait, documents à l’appui, démontré que Sarkozy avait versé 270 000 francs lors du dépôt de garantie, emprunté 1,6 million de francs auprès de la Société générale, plus «les 3 millions de francs empruntés à l’Assemblée nationale» évoqués par Nicolas Sarkozy. Or, le montant de ce dernier prêt étant désormais connu, il manque pas loin de 2 millions de francs pour atteindre le prix du duplex : 5,74 millions de francs (incluant le prix d’un studio de 16 m² acheté six mois plus tard). Ce duplex a été revendu en 2006 12,7 millions de francs (1,94 million d’euros). Plus-value : 122%.

Le 15 mars, comme la loi l’y oblige, le chef de l’Etat a rendu public son patrimoine : 2,74 millions d’euros. Soit une augmentation de 663 000 euros (+32%) par rapport à mars 2007 (2,14 millions d’euros). La progression tient aux contrats d’assurance-vie sur lesquels a été versée la vente du duplex.

Les 2 millions de francs manquants dans les calculs officiels ont-ils même été versés ? La question se pose quand on se replonge dans la polémique déclenchée par le Canard enchaîné en 2007. Selon l’hebdo, Nicolas Sarkozy - alors marié à Cécilia - avait bénéficié d’une importante remise (300 000 euros, soit 2 millions de francs) sur la valeur du bien et des travaux de rénovation. Le Canard avait estimé, en comparant cette transaction à plusieurs autres, que les Sarkozy avaient payé l’appartement entre 12 et 35% moins cher que d’autres acheteurs, ce que le candidat UMP a toujours contesté. Pour prouver sa bonne foi, Nicolas Sarkozy avait expliqué avoir demandé une enquête de la direction des services fiscaux des Hauts-de-Seine Nord sur l’évaluation du bien. Problème : aucun document écrit n’a été retrouvé. «Rien n’a été écrit, tout s’est passé à l’oral», avait confirmé au Canard la directrice des services fiscaux.

Concernant les travaux, l’hebdo satirique avait révélé qu’alors qu’une première facture les évaluait à 1,51 million de francs, la note finale s’était élevée à 400 000 francs. En 2007, Sarkozy n’avait produit qu’un justificatif de 72 360 francs correspondant à un escalier en chêne. Selon Claude Guéant, alors directeur de campagne, d’autres justificatifs devaient se trouver «dans un garde-meuble». Personne ne les a jamais vus.

Geste. Pourquoi cette bienveillance de la part du promoteur Lasserre ? Si, en 2007, Denise Lasserre a pris soin d’apporter son soutien par communiqué à Sarkozy, elle a en réalité géré cette transaction alors que son groupe était au bord de l’asphyxie financière. Le promoteur espérait un geste du député-maire de Neuilly dans un projet de construction d’une crèche et d’une maison de retraite. Projet pour lequel, au terme d’un long contentieux avec la ville de Neuilly, le promoteur a dû payer, quelques années plus tard, une pénalité de 26 millions d’euros.

A l’inverse, le groupe Lasserre avait, sur d’autres opérations, bénéficié d’un soutien très actif de la mairie. Dans ce contexte de relations étroites, Denise Lasserre avait déclaré au Monde : «Il est bien évident que cela ne servait à rien de se mettre mal avec M. Sarkozy dans cette histoire [de paiement des travaux dans l’appartement, ndlr], mais nous ne lui avons fait aucun cadeau.»

Reste la justice. «Il y a eu tout un tas d’enquêtes et elles n’ont jamais rien trouvé», a déclaré Nicolas Sarkozy en conférence de presse le 5 avril. La vérité est bien en deçà. Saisi par une plainte d’un particulier, le parquet de Nanterre a certes ouvert une enquête préliminaire, confié à la brigade de répression de la délinquance économique. Les policiers ont entendu le plaignant, Denis Lasserre, écrit un rapport. Puis l’enquête a été classée sans suite dès octobre 2007 par le parquet dirigé depuis peu par… Philippe Courroye, proche de Sarkozy. On est assez loin d’une version avec «tout un tas d’enquêtes».

source libération

Sollicité par «Libération», l’Elysée n’a pas réagi.

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grincheuxmarrant
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