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grincheuxmarrant
6 mai 2012

Merkel a peur de perdre Sarkozy

Si François Hollande est élu président dimanche soir, la chancelière allemande ne pourra plus compter sur son plus fidèle allié en Europe.

Merkel a peur de perdre Sarkozy
Angela Merkel zappera dimanche soir, le coeur battant d'appréhension, entre les régionales dans le Schleswig-Holstein où son parti tente de conserver son bastion chancelant, les élections en Grèce qui décideront du destin de l'euro et surtout les présidentielles françaises qui auront un grand impact sur l'avenir politique de la chancelière à l'horizon des élections allemandes de l'automne 2013.

Jamais les élections françaises n'ont représenté un tel enjeu pour un dirigeant allemand. Angela Merkel l'a bien compris. Elle s'est ouvertement prononcée en faveur de la candidature de Nicolas Sarkozy, son allié le plus sûr au sein de l'Union européenne. Elle a même accepté de venir prêter main forte au candidat de l'UMP au cours de la campagne et de participer à une interview télévisée commune au début de l'année. Une intervention très critiquée en Allemagne, même au sein de son propre parti, la CDU.

On accuse la chancelière d'ingérence dans les affaires intérieures d'un État étranger. On lui reproche le manque d'impartialité dont elle fait preuve en ignorant purement et simplement la possibilité d'une victoire du candidat socialiste. Quand Nicolas Sarkozy décide finalement de ne pas faire appel à ses services et de ne pas l'inviter à participer à un de ses meetings de campagne, c'est une pluie de sarcasmes en Allemagne. Ses détracteurs n'ont pas manqué de rappeler à Angela Merkel qu'elle devra déployer beaucoup de talent diplomatique pour faire oublier cet impair à François Hollande, s'il est élu.

Merkel-Sarkozy, les contraires s'attirent

Angela Merkel sait qu'elle est peut-être en train de vivre les dernières heures de cette entente étroite, presque symbiotique, que l'on a baptisée la "Merkozy". Pas un jour ne se passe durant la crise de l'euro sans que les deux chefs dirigeants se téléphonent. Jamais la fréquence des rencontres informelles et des sommets n'a été aussi serrée. Nicolas Sarkozy est un partenaire fiable. Angela Merkel n'a aucune envie de le perdre.

Rien pourtant au départ ne laissait penser que ces deux-là pourraient s'entendre. Entre Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, les coeurs ne battent pas naturellement la chamade. Les contraires s'attirent. Voilà une loi de physique qui, peu à peu, semble s'appliquer à ce couple franco-allemand à première vue si mal assorti. Nicolas Sarkozy et Angela Merkel viennent de deux planètes diamétralement opposées. On pourrait dresser à l'infini la liste de leurs incompatibilités.

Elle, fille d'un pasteur venu de son plein gré christianiser les terres communistes de la RDA. Lui, fils d'un immigrant hongrois débarqué à Paris pour faire fortune et conquérir les femmes. Elle, a grandi à Templin, petite bourgade perdue au fin fond de l'Uckermark. Lui, a passé son enfance à Neuilly, au coeur de la vieille France riche et sûre de son rang. Elle, avec ses inséparables tailleurs-pantalons sobres et unisexe. Lui, tout Rolex, Ray Ban et Mont Blanc. Elle, avec ses airs de sage cheftaine des Jeunesses communistes un peu asexuée, est mariée à un professeur de chimie qui se fait tout petit dans son ombre. Lui, expose à ses côtés la formidable top model Carla Bruni. Elle, physicienne, pragmatique et prudente, prenant son temps avant de décider. Lui, avocat, impulsif, aimant l'action. "On agit, elle réfléchit...", s'amuse Sarkozy pendant que Merkel tergiverse.

L'ouragan de l'euro a fait passer ces différences au second plan. Face à la crise, les Allemands et les Français ont été forcés de faire front commun. Si Nicolas Sarkozy est battu dimanche, ce ne sera pas une bonne nouvelle pour Angela Merkel. "L'élection en France, un cauchemar pour Merkel", titrait la semaine dernière le magazine Der Spiegel. Si Nicolas Sarkozy est réélu, l'Allemagne doit s'attendre, estime le journal à un partenaire "sensiblement différent de ce qu'il était jusqu'à présent. Plus ferme sur la défense des intérêts nationaux. Plus radical. Moins fiable."

Merkel change son fusil d'épaule

Si François Hollande l'emporte, Angela Merkel risque l'isolement en Europe. Sans le soutien inconditionnel de son partenaire français, la chancelière allemande sera seule à défendre sa politique d'austérité budgétaire très peu populaire au sein de l'Union. Les promesses de François Hollande d'augmenter les dépenses publiques, d'accroître l'endettement du pays pour provoquer la relance et de créer des postes de fonctionnaires sont aux antipodes de la ligne d'austérité prônée par Angela Merkel et par son ministre des Finances Wolfgang Schäuble.

Dans les milieux proches de la chancelière, on espère que François Hollande, s'il est élu, se pliera aux exigences de la réalité et oubliera ses grandes promesses électorales. Pas question, répète-t-on dans l'entourrage de la chancelière, de renégocier le pacte européen de discipline budgétaire. Sur la question des eurobonds également, les positions divergent : Angela Merkel n'a cessé de répéter qu'il n'en est pas question. Pour François Hollande, il s'agit d'une solution envisageable. "L'Allemagne ne decide pas seule en Europe", a déjà mis en garde le prétendant socialiste. Prudente, Angela Merkel a déjà commencé, dès le résultat du premier tour, à faire machine arrière. Elle est allée aux devants de François Hollande en concédant la possibilité de réfléchir, parallèlement au pacte fiscal, à une initiative favorisant la croissance en Europe. C'est ce que l'on appelle changer en vitesse son fusil d'épaule, critiquent les sociaux-démocrates allemands.

Au-delà de la cohésion de la politique européenne, l'arrivée de François Hollande et des socialistes français à l'Élysée risquerait de déstabiliser encore davantage la coalition chrétiens-démocrates (CDU)-libéraux (FDP) déjà bien bancale dirigée par Angela Merkel et de donner un coup de fouet à l'opposition sociale-démocrate. François Hollande et Sigmar Gabriel, le chef du SPD, entretiennent depuis quelques mois des contacts réguliers. Lassée par ses disputes permanentes avec le FDP, la chancelière envisagerait même de provoquer des élections anticipées avant que les sociaux-démocrates ne renforcent encore leur position.

source: le point

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