Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
grincheuxmarrant
7 mai 2012

Bon débarras Nicolas Sarkozy

Pour en finir avec le sarkozysme, vraiment

 

Nicolas Sarkozy sort de notre vie publique. Pour ses ennemis les plus déterminés comme pour ses soutiens les plus fidèles, le traumatisme de l’absence s’annonce rude. Ensuite, il appartiendra à la justice mais aussi à la presse «pipople», pour laquelle il aura été un excellent «client», de décider s’il s’efface également des pages et des images d’actualité. Et aux «Guignols de l’Info» de choisir, ou non, de remiser la marionnette, avec ses tics et ses talonnettes, au magasin des accessoires. Chacun sait que la France, contrairement à d’autres démocraties, n’est pas très douée pour tourner la page des destins politiques. Il suffit pour s’en convaincre de regarder les visages trop connus de ceux qui s’en vont et de ceux qui arrivent.

 Même s’il n’en est pas jugé digne par certains, le Président sortant a droit à un départ dans la dignité. Ce pays s’honorerait, aux yeux du reste du monde, en évitant la répétition des manifestations, indignes pour le coup, qui marquèrent la sortie de l’Elysée en 1981, du précédent chef de l’Etat de la Ve République auquel les électeurs avaient refusé un second mandat. Rompre avec le sarkozysme, c’est d’abord redonner dignité républicaine et civilité au fonctionnement des institutions et à la vie publique. Rétablir le droit à la différence… et à l’indifférence.

Le bilan de Nicolas Sarkozy, c’est son successeur qui l’établira, en vertu du «droit d’inventaire» cher à Lionel Jospin. Entre les réformes abrogées, celles qui ne seront qu’ajustées et celles qui seront peu ou prou conservées, dont les plus importantes comme celle des retraites ou des universités, l’alternance ne sera pas une table rase, qu’on s’en réjouisse ou le regrette. Comment s’en étonner ? Nicolas Sarkozy n’aura pas été le président de la «rupture» proclamée en 2007. Et François Hollande n’a pas promis de «changer la vie» mais tout juste «le changement», avec le moins de précision possible. Formules qui ont l’avantage, ou l’inconvénient, de prendre le contenu que chacun veut y mettre, comme une auberge espagnole. La crise financière globale, symptôme d’un basculement du monde bousculant des positions acquises par les démocraties occidentales depuis des dizaines, voire des centaines d’années, contraindra l’impétrant comme elle s’est imposée au sortant.

Est-ce à dire que ce changement est indifférent ? Certes pas. Pas son comportement personnel, par sa pratique des institutions et des réformes indispensables, de l’indépendance de la justice à la moralisation de la vie politique en passant par la consolidation d’une presse vraiment libre, le nouvel élu peut en effet conduire la Ve République sur le chemin de la «normalité». Quand les pesanteurs économiques tirent le pays vers le Sud («going South» c’est à dire vers le bas, en anglais), le deuxième président socialiste de la Ve République a la possibilité de le hausser vers les démocraties nordiques, économiquement libérales, socialement avancées, politiquement apaisées, institutionnellement transparentes.  

Restera à en finir avec la Vème République elle-même, dont «l’hyper-présidence» de Nicolas Sarkozy aura été l’avatar caricatural (sans qu’on puisse prédire à coup sûr qu’il en fût le dernier), afin de faire rentrer la France dans le rang des démocraties parlementaires européennes. Ne serait-ce que pour en finir aussi avec ces campagnes électorales aussi interminables qu’elles sont superficielles, où le choc des images efface le débat des idées, où la cacophonie hexagonale étouffe la rumeur du monde.

source:http://blogs.mediapart.fr/blog/philippe-ries/060512/pour-en-finir-avec-le-sarkozysme-vraiment

Publicité
Publicité
Commentaires
grincheuxmarrant
Publicité
Publicité