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grincheuxmarrant
8 mai 2012

Sarkozy recase un conseiller diplomatique au mépris de la procédure

Sarkozy recase un conseiller diplomatique au mépris de la procédure
 
Nicolas Sarkozy et le conseiller diplomatique Damien Loras en visioconférence avec Obama le 12 avril (Reuters)
Nicolas Sarkozy et le conseiller diplomatique Damien Loras en visioconférence avec Obama le 12 avril
Damien Loras, de la cellule diplomatique de l’Elysée, a été nommé ambassadeur en Thaïlande. Le syndicat CFDT du ministère des Affaires étrangères compte déposer un recours pour excès de pouvoir.

Il pose aux côtés de Nicolas Sarkozy, attablé pour une visioconférence avec Barack Obama, le 12 avril. Studieux, Damien Loras, conseiller diplomatique de l’Élysée, prend des notes. Cet énarque de 42 ans, qui a passé un quinquennat sous les ordres de Jean-David Levitte, est l’un des plus proches collaborateurs du président sortant en ce qui concerne les Affaires étrangères. Mais depuis quelques mois, l’avenir du conseiller “Amériques, Russie, Caucase, Balkans et Asie centrale” s’est obscurci.

Nicolas Sarkozy entendait remercier son conseiller diplomatique par un poste prestigieux. En octobre dernier, il songe à le nommer ambassadeur de France au Brésil, projet aussitôt abandonné face à la défiance du syndicat majoritaire au ministère des Affaires étrangères, la CFDT.

Pourtant, Nicolas Sarkozy n’a pas renoncé. Le 4 mai, soit deux jours avant sa défaite, le président sortant a finalement nommé Damien Loras ambassadeur en Thaïlande, par décret publié au Journal officiel. Aussitôt, la CFDT des Affaires étrangères a annoncé son intention de déposer un recours devant le Conseil d’État contre cette nomination “illégale”, qualifiée de “provocation”.

Thierry Duboc, son secrétaire général, rappelle que Damien Loras ne remplit pas les conditions requises pour le poste d’ambassadeur :

“Le statut diplomatique et consulaire, tel qu’il a été réformé par Bernard Kouchner en 2009, exige trois conditions : avoir dix ans d’ancienneté, avoir déjà servi à l’étranger et avoir exercé des fonctions d’encadrement. Damien Loras n’a jamais exercé de fonctions d’encadrement.”

Un fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères compare la nomination du conseiller diplomatique à un “passe-droit”. Il se souvient de l’épisode brésilien:

“Le Brésil est la sixième puissance économique du monde, un pays qui monte, où sera organisée la Coupe du monde de foot en 2014 et les Jeux olympiques en 2016. Par ailleurs Yves Saint-Geours, l’ambassadeur en poste, est l’un des diplomates les plus respectés au ministère. En ce qui concerne la Thaïlande, le poste reste assez prisé, souvent réservé aux fonctionnaires en fin de carrière.”

Les derniers mois ont été riches en collaborateurs de cabinet “recasés”. Le site d’information Owni en a compté 115. La nomination controversée de Damien Loras n’est qu’une péripétie supplémentaire dans la série de protestations soulevée par la CFDT au ministère des Affaires étrangères. Le syndicat a déjà fait annuler la nomination d’Yves Marek, passé du Sénat à l’ambassade de Monaco. Et déposé un recours (toujours en cours) contre celle de Bertrand Lortholary, issu lui aussi de la cellule diplomatique de l’Élysée, nommé ambassadeur à Jakarta. Thierry Duboc précise :

“Nous n’en voulons à personne. Nous savons que Damien Loras est quelqu’un de brillant, le problème n’est pas non plus du fait qu’il vienne de Élysée. C’est une question de principe. S’il avait été nommé consul général, comme David Martinon, ou directeur d’administration centrale, cela n’aurait pas été illégal.”

Parallèlement au recours devant le Conseil d’État, la CFDT envisage un recours gracieux auprès du président de la République. Le prochain, bien sûr, qui sera ainsi “interpellé sur sa conception de l’État” pour annuler cette nomination.

 

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