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grincheuxmarrant
21 mai 2012

G8 : Hollande comme un grand

François Hollande au G8 à Camp David, le 19 mai 2012
François Hollande au G8 à Camp David, le 19 mai 2012
 

Reportage Aux Etats-Unis, lors de ses premiers pas diplomatiques, le président français a affiché zèle et aplomb.

On peut appeler ça «beginner’s luck», la chance du débutant. On est aussi en droit de penser que personne n’avait intérêt à ce que, du sommet du G8 à celui de l’Otan, les principaux dirigeants de la planète se quittent sur des désaccords irréconciliables, vu la crise. François Hollande a donc franchi ses premières haies diplomatiques sans trop d’encombres aux Etats-Unis.

Elève zélé, parfois trop sûr de lui, le président français a voulu donner une triple image : le dirigeant au travail sans perdre une minute, le président tenant ses promesses de candidat et celui par qui pouvait venir le changement. Rien que ça. «Je ne me sentais pas du tout en observation. Je me suis exprimé autant que je le considérais nécessaire, pas plus, pas moins.

Et sans avoir à comprendre ou apprendre», nargue-t-il donc quatre jours seulement après son investiture, au terme de son premier sommet international à Camp David. Même s’il assure qu’il ne sera pas l’un de ces chefs d’Etat qui «disent tous qu’ils ont remporté un succès», il insiste sur le «grand succès» que constitue le communiqué final du G8 appelant à la mobilisation pour la croissance ainsi qu’à une «zone euro forte et unie».

 «C’est une étape nouvelle» pour l’Europe, qu’il refuse de voir en «grand malade», mais aussi pour «l’ensemble du monde», note-t-il derrière son pupitre débarrassé à la dernière minute du sceau présidentiel américain. Hollande estime même, très étrangement, que le mandat que lui ont confié les Français est «déjà honoré» puisque le G8 et les prochains cénacles internationaux et européens auront «une dimension de croissance».

Briefing. Le temps d’un week-end où tous les regards étaient braqués sur Barack Obama et François Hollande, Angela Merkel, chantre de la rigueur, s’est retrouvée «seule contre tous», constate le New York Times. A Chicago hier, la chancelière a aussi mis les pieds dans le plat sur le retrait des troupes françaises d’Afghanistan. «Nous sommes allés ensemble en Afghanistan, nous comptons en partir ensemble», a-t-elle martelé à son arrivée au McCormick Conference Center.

 L’Allemagne isolée ? Hollande, qui avait réservé à Berlin son premier déplacement présidentiel, et sa délégation combattent cette «idée caricaturale et contre-productive». Mais, samedi midi, le Président bouscule le protocole en tenant un briefing improvisé avec les journalistes dans les allées boisées de Camp David, ignorant totalement son homologue allemande qui s’approche de lui. Pour finalement le contourner sans pouvoir le saluer.

En revanche, Hollande n’a eu de cesse de tresser des couronnes de lauriers à Mario Monti, un «homme très précieux». Qui, après plusieurs plans de rigueur drastiques en Italie, défend désormais une relance européenne, craignant un rejet violent de l’Europe à l’image de ce qui se passe en Grèce. De quoi en faire le meilleur allié de Hollande qui, en roi de la synthèse, a annoncé une réunion tripartite France-Allemagne-Italie dans la première quinzaine de juin à Rome.

Hier matin, le chef de l’Etat a enquillé les rencontres bilatérales avant l’ouverture du sommet de l’Otan : Portugal, Danemark, Belgique, Autriche, Norvège, ainsi que le secrétaire général de l’Alliance atlantique, Fogh Anders Rasmussen, «pas surpris», comme Obama vendredi, que Hollande confirme son projet de retirer les troupes combattantes françaises d’Afghanistan avant fin 2012. «Honorer ses promesses, c’est la première mission d’un homme politique», explique le Danois, qui réclame cependant des précisions sur «l’autre manière» dont la France entend soutenir l’Afghanistan.

Blagues. Pour Hollande, la mue présidentielle se fait au pas de course : maniant la langue de bois diplomatique, détournant les questions qui fâchent, notamment sur l’allégement des mesures d’austérité en Grèce, et tempérant son vocabulaire avec la presse. «Ça, c’est vraiment off», égrène-t-il d’un ton solennel tout le week-end.

 Mais les fondamentaux restent, quand il peine à déboutonner sa veste, multiplie les blagues ou fait sa traditionnelle moulinette des doigts vers les journalistes pour leur signifier qu’il les verra très vite. «Quand j’étais jeune, c’était au siècle dernier, j’étais cavalier. On aurait appelé ça un sans-faute», salue le chef du Quai-d’Orsay, Laurent Fabius. Le conseiller Aquilino Morelle, lui, se paie Nicolas Sarkozy en vantant le «pragmatisme américain» de l’ex-député de Corrèze dans ses relations avec les grands de ce monde : «On peut se prétendre américain et ne pas l’être. Et vice versa.»

source libération

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