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grincheuxmarrant
24 mai 2012

Première dame », un second rôle à inventer

 
 

Valérie Trierweiler n'a pas de statut officiel. Comme chaque compagne ou épouse de Président, elle doit se construire son propre rôle, en respectant certaines contraintes.

Entretien avec Armelle Le Bras-Chopard. Professeure agrégée de science politique, auteure de Première dame, second rôle, Seuil, 2009.

Quel est le rôle de la Première dame en France ?

Elle n'a pas de statut officiel, mais elle a des obligations non écrites. La Première dame a un rôle de représentation en tant que « femme de », même si le couple actuel n'est pas marié. Elle accompagne son conjoint dans les déplacements officiels, joue le rôle d'hôtesse, de maîtresse de maison en accueillant les invités. Elle doit être présente physiquement mais reste inexistante politiquement. Cécilia et Carla Sarkozy ont ajouté une note glamour. Aux États-Unis, la semaine dernière lors du G8, les journaux ont parlé des talons très haut de Valérie Trierweiler, de son sac...

Elle crée souvent sa Fondation ou s'engage dans l'humanitaire, le social... Peut-elle dépasser un rôle de représentation ?

Cela dépend de la manière dont le président instrumentalise sa compagne et des libertés qu'elle prend. Bernadette Chirac avait demandé à des personnalités de parrainer son action, comme David Douillet pour les Pièces jaunes. Danielle Mitterrand avait causé quelques problèmes à la diplomatie française. En 1995, elle avait embrassé le dirigeant cubain Fidel Castro, venu en France pour une réunion de l'Unesco mais qui n'était pas invité par l'État.

De son côté, Carla Bruni avait rencontré le Dalaï-Lama à la place de Nicolas Sarkozy pour ne pas froisser la Chine. Mais quand Cécilia Sarkozy s'est occupée de l'affaire des infirmières bulgares et du médecin palestinien en Libye, on lui a reproché de s'être un peu trop mêlée de politique. Elle a alors dit que c'était un déplacement à titre purement personnel. On voit que la frontière est très, très floue.

Valérie Trierweiler dispose d'un cabinet et sa photo figure sur le site de l'Élysée. N'est-ce pas une forme de reconnaissance ?

Depuis longtemps, la compagne du président dispose de son secrétariat d'une ou deux personnes, avec un service de courrier. Mais en démocratie, on élit une personne, pas un couple. Aux États-Unis, la « First Lady » s'engage davantage aux côtés de son mari. Hillary Clinton avait un cabinet d'au moins une cinquantaine de personnes, elle faisait des discours politiques sur toute la planète au nom du président Bill Clinton. Mais son rôle n'était pas considéré comme une fonction politique et surtout pas rémunéré. C'est très contradictoire.

Est-ce possible de conserver son travail comme le souhaite Valérie Trierweiler ?

C'est extrêmement difficile. Pour des raisons de sécurité, elle ne peut pas aller où elle veut. Il y a aussi un problème de disponibilité : à partir du moment où elle accepte d'assurer un rôle représentatif, elle ne peut pas avoir son propre agenda. La troisième difficulté est l'obligation de discrétion, il y a un risque de conflit d'intérêts. Cherie Blair, la femme du Premier ministre anglais Tony Blair, avait continué son métier d'avocate mais elle avait dû plaider contre l'État britannique, c'est un peu gênant. Après, tout est envisageable. Être journaliste est compliqué, mais Valérie Trierweiler trouvera peut-être la solution, dans les limites qu'elle a reconnues publiquement.

source ouest france

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grincheuxmarrant
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