Copé, Fillon, Juppé : la guerre des trois a commencé
Face à un Copé omniprésent, Fillon a déclenché les hostilités. Mais Juppé est en embuscade et Sarkozy pèsera. Ambiances.
Jean-François Copé et François Fillon.
Le candidat aux législatives à Paris a pris le risque de tirer le premier, créant la division alors qu'un pacte non écrit de non-agression avait été signé pour la période des législatives. Mais Fillon ne pouvait plus supporter de voir Jean-François Copé occuper le terrain, paradant de radio en télé, en passant par le... Figaro Magazine, se posant de facto en chef de la famille, même si une pseudo-direction collégiale avait été installée. Copé s'est évidemment emparé de la "faute" de son ennemi avec des mines de petit saint qui ne s'occupe que des élections et de l'intérêt général de la droite.
L'Élysée ou rien
Quels sont les réels rapports de force ? D'un côté, Fillon bénéficie d'une meilleure cote que Copé, dans le pays et chez les sympathisants UMP. Xavier Bertrand et Laurent Wauquiez le soutiennent. De l'autre, le secrétaire général du parti a pour lui l'appareil, de nombreux affidés (Jean-Pierre Raffarin, Brice Hortefeux, Christian Estrosi, les "mousquetaires"...) et une énergie sans pareille pour passer des deals. À la fin, ce sont 200 000 militants qui départageront les deux hommes.
On attend avec intérêt la position d'Alain Juppé. Prendra-t-il parti ? Lui qui s'est donné tant de mal pour obtenir de Copé qu'il retienne ses coups jusqu'au 17 juin n'a pas dû apprécier que Fillon rompe la trêve. Mais le maire de Bordeaux aime bien les deux prétendants. Il se tient à distance, de manière à pouvoir être utile - et disponible - s'il fallait trouver une solution de compromis à un duel sanglant. On va aussi s'intéresser à la position des sarkozystes historiques. Pour l'instant, ils sont plutôt du côté de Copé. L'ancien chef de l'État - qui a fait une entrée plus qu'honorable dans le baromètre Ipsos-Le Point à la huitième place, et à la première chez les sympathisants de l'UMP - a plutôt intérêt à ce que l'actuel secrétaire général l'emporte.
Il lui serait plus facile, s'il devait revenir un jour sur le devant de la scène, de se faire accepter par Copé que par Fillon. À ce dernier, il a déjà donné Matignon cinq ans. Et pour l'ex-Premier ministre, désormais, c'est l'Élysée ou rien, du moins dans le champ politique. Alors que Copé, qui vise également clairement 2017, pourrait se laisser convaincre de patienter comme chef du gouvernement. On est encore loin de tout cela. Mais cela commence à s'insinuer dans toutes les têtes. Spectacle garanti.
source le point