Fuites au vatican : le majordome du pape arrêté
Dernier épisode en date: une personne «en possession illégale de documents confidentiels» a été arrêtée par la gendarmerie vaticane. Il s'agit de Paolo Gabriele, majordome du pape au-dessus de tout soupçon.
Dans la soirée, une source proche du pape l'a décrit comme "attristé et choqué" par l'annonce de l'arrestation de son majordome, ajoutant qu'il s'agit d'une "affaire douloureuse" pour le souverain pontife.
Des dizaines de fax et de lettres ultra-secrètes ont fuité dans la presse
Selon le journal Il Foglio cependant, il se pourrait que, face au scandale, les enquêteurs aient cherché à identifier un coupable rapidement, et que le majordome ne soit pas forcément le vrai, ou l'unique, coupable. Samedi dernier, un livre intitulé «Sua Santita» («Sa Sainteté») est sorti en librairie, reproduisant des dizaines de fax et de lettres ultra-secrètes dont le pape est le destinataire ou a eu connaissance. Des «gorges profondes» les ont ensuite livrés à l'auteur, le journaliste Gianluigi Nuzzi.
Le nombre de personnes pouvant avoir accès à ces documents, une fois consultés par Joseph Ratzinger, est limité, ont noté des connaisseurs de l'appareil du Saint-Siège. Autour du pape gravitent quotidiennement le majordome, quatre soeurs «Memores Domini» du mouvement catholique italien Communion et Libération, ainsi que les deux secrétaires particuliers de Benoît XVI, Georg Gänswein et Alfred Xuereb.
Jeudi, un spectaculaire vote de défiance au Conseil d'administration de l'Institut pour les oeuvres de religion (IOR) a par ailleurs conduit au limogeage d'Ettore Gotti Tedeschi, expert de «l'éthique de la finance», dont la nomination en 2009 à la tête de l'IOR avait laissé espérer l'assainissement des finances du Vatican. Officiellement, il lui est reproché de «n'avoir pas su remplir certaines fonctions de première importance», en dépit d'avertissements répétés. Selon des sources non confirmées, il aurait pu faire connaître lui-même certains documents de travail à l'extérieur du Vatican, par un souci de transparence.
Un complot d'une «vieille garde» de cardinaux proches de Jean Paul II ?
Le pape allemand, qui a fait de la rigueur une priorité, a créé en 2010 une Autorité d'information financière (AIF). Mais beaucoup reste à faire. En 2011, Mgr Carlo Maria Vigano, alors secrétaire général du gouvernorat du Vatican, avait dénoncé à Benoît XVI des cas de «gabegie» et de «corruption» au sein de l'administration vaticane. Mais ce qui inquiète le plus la Curie romaine est que plusieurs personnes bien placées dans l'appareil aient décidé de trahir pour livrer ces documents. Est-ce un complot systématique pour discréditer le Vatican? Les plus conservateurs se raidissent.
Le journaliste à l'origine du livre, Gianluigi Nuzzi, assure que ses sources sont animées par le seul désir de rendre plus transparent le Vatican et de servir le pape. Une thèse violemment contestée par certaines voix au Saint-Siège. Une thèse circule depuis le début de l'affaire : le secrétaire d'Etat Tarcisio Bertone, numéro deux du Vatican, a la confiance du pape mais de solides inimitiés dans l'appareil, confirmées par de multiples sources. Une hypothèse avancée est celle d'un complot anti-Bertone d'une «vieille garde» de cardinaux proches de Jean Paul II, qui regrettent une époque où le Saint-Siège avait une voix plus forte sur la scène internationale... et moins soucieuse de transparence.
source le parisien.
LeParisien.fr