D'un côté, nous avons un camping de Cucq qui accueille « beaucoup d'ouvriers à la retraite », de l'autre le voisin, Le Touquet-Paris-Plage, « l'une des plus belles et des plus chics stations balnéaires de France ». Bienvenue dans le choc des extrêmes.
L'idée était donc de suivre des Ch'tis, groupe sociologique suscitant décidément un intérêt toujours aussi fort auprès des médias nationaux, qui passent leurs vacances en famille, sur la Côte d'Opale. Nous sommes en juillet 2011 et l'attention de la réalisatrice se concentre d'abord sur le camping Pomme de pin : 200 mobil-homes, 800 personnes accueillies en juillet-août, et Martine aux commandes. Elle, c'est la patronne, assez vite à la peine avec son mégaphone qui déraille à plein tube quand elle annonce le loto à venir. Très vite, nous rencontrons un couple et ses trois enfants, dont Manuela qui avoue ne jamais être partie en vacances ailleurs qu'ici. « Tu veux que je le fais ? », demande la maman à sa fille pour l'aider à rajuster son pantalon. Attention les oreilles...
La mer, pour la 1re fois
Il y a aussi Francis, Cambrésien de 69 ans, le doyen, quarante-deux ans de présence, en train de se rafraîchir le gosier avec une boisson houblonnée (« On dirait le petit Jésus qui descend dans la gorge »). Terrasse fleurie. Nains de jardin à l'affût. Petit coin de paradis.
On fait surtout la connaissance de Nicole, Maubeugeoise sans emploi, qui est en train de vivre ses premières vacances (grâce aux aides publiques) avec ses quatre enfants et son neveu. Direction la plage : « Je n'avais jamais touché de sable. Ça colle. » Ken, 17 ans, décrète d'emblée qu'il se « fait ch... ». Juste avant qu'il ne rencontre la jeune et jolie Mallaury... Chaude ambiance et discussion sans tabou sur les nuits torrides et le préservatif. Jusqu'à ce que l'ambiance se gâte avec l'arrivée imprévue de l'ex-concubin de Nicole, ex-taulard, porté sur la violence, toujours en délicatesse avec la justice. De fait, c'est surtout ce foyer-là que la mémoire va imprimer...
Entre les virées à la mer, les soirées dansantes et les parties de pétanque, la vie quotidienne du Pomme de pin de Cucq nous est présentée en même temps que celle de la famille Simphal-Deprez, la seule qui ait accepté d'ouvrir les portes de sa magnifique villa, Vertefeuille, nichée dans les allées ombragées et verdoyantes de la riche forêt du Touquet, « un îlot doré dans le département le plus pauvre de France ». Jolis plans de la station des Quatre Saisons, notamment Françoise, la doyenne, et soeur de l'ancien maire Léonce Deprez, en train de pédaler nonchalamment au gré des allées, avec son chapeau de paille.
La superbe demeure, qui a vu passer cinq générations, appartient désormais à Luc et Emmanuelle, qui nous racontent les rassemblements de taille XXL de la tribu pendant l'été. On apprend même qu'on a pu se marier entre cousins... Rendez-vous face à la mer, devant les cabines de plage multicolores. Images d'archives relatant le glorieux passé du Touquet. Soirées moules arrosées de boisson à bulles. Petite visite à la voisine d'en face qui invite son petit monde à terminer la soirée dans la piscine privée, illuminée, une coupe à la main.
Au bout d'une heure et trente minutes, le reportage, qui n'est pas sans rappeler les protagonistes de La Vie est un long fleuve tranquille , s'achève sur des rues touquettoises désertes et des coffres remplis à ras bord à la sortie du camping de Cucq. Sentence finale : « Les gens du Nord ont dans le coeur le soleil etc. » Air connu. Un peu trop ?
source la voix du nord
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