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grincheuxmarrant
23 juin 2012

La Droite (im)populaire ?

Le constat est net : le Collectif parlementaire de la Droite populaire a perdu un bon nombre de plumes lors de ces élections législatives. Quelles conséquences en tirer ? Nous avons questionné ses principaux animateurs.

 

(Jean-François Copé - TSCHAEN/SIPA)
  Jean-François Copé
 
Sur les quarante députés de la Droite populaire qui se représentaient face aux électeurs, dix-neuf seulement ont été réélus, soit moins de la moitié – les vingt-et-un autres étant défaits plus ou moins lourdement… Lionnel Luca, l’un des fondateurs du Collectif, nuance des chiffres pourtant éloquents : «Dans la déroute générale, personne ne tire son épingle du jeu.» D’autant plus que certains députés sortis, s’ils avaient bien adhéré formellement au Collectif, n’y participaient pas vraiment – sauf quand il s’agissait de se rendre à l’Elysée.

Tout de même, alors que plus de 60% des députés UMP sortants candidats à leur réélection ont été reconduits à l’Assemblée, la proportion tombe en dessous de 50% pour ceux étiquetés «Droite populaire»… sans parler des défaites de Nadine Morano ou de Claude Guéant qui, sans appartenir au Collectif – le second n’étant même pas député – ont été défaits dans les urnes après avoir incarné, tout au long de la campagne, une certaine droitisation de l’UMP.

Lionnel Luca – toujours lui – rappelle non sans malice que, «dans l’échec subi», les députés de la droite populaire restent «trois fois plus nombreux que les radicaux et devant les écolos». Avec près de vingt députés membres du Collectif, eux pourraient former un groupe parlementaire sans avoir à quémander à la nouvelle majorité l’abaissement du seuil de députés nécessaires à la constitution d’un tel groupe, comme s’apprêtent à le faire les communistes.

Evidemment, les membres du Collectif, qu’ils aient été réélus ou battus, s’unissent pour encourager une droitisation accrue de l’ancien parti majoritaire : «Nicolas Sarkozy a fait un score inattendu ! Moi-même, je ne m’attendais pas à ce qu’il fasse aussi bien – c’est grâce à la droitisation, explique Christian Vanneste qui a depuis quitté l’UMP.
 Les gens qui disent que c’est une erreur se trompent très lourdement.» Lionnel Luca abonde dans son sens en expliquant que l’échec est dû à «l’absence de politique droitière pendant cinq ans, l’ouverture à gauche ayant, dès les débuts du mandat, sonné le glas des promesses de campagne». Ce dernier dénonce également l’attitude «honteuse» d’Alain Juppé qui, «après avoir refusé d’aller lui-même au combat électoral dans une circonscription difficile, a retiré son soutien à l’un de ses collègues» – en l’occurrence Jean-Paul Garraud, candidat défait dans sa circonscription de Gironde.

Pour Christian Vanneste, parler de droitisation de l’UMP est un non-sens : l’UMP, rappelle-t-il, est née d’une fusion entre l’UDF et le RPR et les divergences internes, entre tenants d’une ligne bien à droite et partisans d’un recentrage, ne font que refléter les deux familles originelles. Or, «l’UMP ne pourra pas survivre dans la situation actuelle où il n’est qu’un organe de gestion de carrière politique ! Allez trouver un point commun entre des gens comme Xavier Bertrand, Nathalie Kosciusko-Morizet et Hervé Mariton...»
 
 Pour bien illustrer les problèmes majeurs auxquels est confronté son ancien parti, il dégaine la métaphore charcutière : «C’est l’histoire du salami : on a été coupés des deux côtés avec François Bayrou qui prend du terrain sur l’UDF et le Front national sur le RPR.» L’UMP verrait ainsi ses parts de marché progressivement réduites à peau de chagrin : «Qu’est-ce qu’on a comme idées ? Bah on ne sait plus.»

Aujourd’hui, alors que les échéances internes mobilisent toutes les énergies à l’UMP, les membres de la Droite populaire cherchent à constituer un mouvement capable de peser pour que, comme ils le claironnent depuis leur création, «l’UMP n’oublie pas trop son P de populaire». Lionnel Luca déplore la stigmatisation dont ils sont victimes en interne, notamment de la part d’une «droite humaniste qui n’a d’humaniste que le nom».
 Quant à Christian Vanneste, il raille la guerre des chefs qui détourne l’attention des véritables problèmes de la société française : «François Fillon, avec toute l’hypocrisie qui le caractérise, va prendre une position contraire à celle de Jean-François Copé juste pour se démarquer… Ce qui les intéresse, ce n’est pas que l’UMP ait le pouvoir en France mais d’avoir le pouvoir à l’UMP.»

Reste à savoir si l’UMP continuera longtemps, dans un climat interne plutôt morose, à avoir le monopole du pouvoir à droite. Christian Vanneste, lui, pose le problème en termes clairs : «Quand il y a des gens raisonnables au FN, pourquoi ne pas les écouter ? Je ne vois pas pourquoi les uns et les autres lancent des cris d’orfraie lorsque le Front a des positions plus sympathiques ! » Mais avec 13,8% des voix au premier tour des dernières législatives, Vanneste a juste montré qu'il lui restait encore du chemin à parcourir pour faire valider sa vision de l'union des droites !
source marianne
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grincheuxmarrant
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