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grincheuxmarrant
23 juillet 2012

23 juillet 1983. Un B-767 se transforme en planeur à 12 500 mètres d'altitude : panne sèche !

Incroyable : les pompistes du ciel confondent kilos et livres. Plus incroyable encore : les pilotes posent l'appareil, indemne.

23 juillet 1983. Un B-767 se transforme en planeur à 12 500 mètres d'altitude : panne sèche !

 Quand une voiture tombe en panne d'essence, c'est déjà la mouise. Mais quand un avion de ligne tombe en panne sèche à 12 500 mètres d'altitude, les passagers n'ont plus qu'à se recommander à saint Pierre. Impossible ? Allez le dire aux passagers du Boeing B767 d'Air Canada reliant Ottawa et Edmonton, le 23 juillet 1983. Ça a plané pour eux durant de très longues minutes. S'ils ont eu la satisfaction de lutter contre le réchauffement climatique en économisant le kérosène, cela ne leur a pas évité un immense coup de chaud personnel.

A priori, on imagine mal les compagnies aériennes oublier de faire le plein de leur appareil avant chaque vol. En fait, elles ne remplissent pas systématiquement les réservoirs, histoire de ne pas brûler du carburant pour du carburant qui ne brûlera pas. Avez-vous compris ? Faites marcher vos neurones : les compagnies ne veulent pas se surcharger en carburant, car chaque kilo en vol consomme du... carburant. Donc, elles emportent le strict nécessaire avec la marge imposée par les règlements internationaux pour parer à tout détournement. Cela implique, avant chaque vol, un calcul savant pour déterminer le volume de kérosène à embarquer et étalonner les appareils de bord. Généralement, il n'y a pas d'erreur possible. Sauf dans le cas du vol Ottawa-Edmonton où tout le monde participant au plein confond livres et kilos ! Bref, l'avion décolle avec presque deux fois moins de carburant qu'il ne le faudrait, alors que les jauges indiquent que tout est en règle !

Une première alarme

À mi-parcours, après deux heures de vol, les 61 passagers somnolent, bouquinent, draguent les hôtesses ou pissent dans le couloir central. Attendez... On retire notre dernière assertion : après vérification, Depardieu n'était pas sur la liste des passagers. Dans le cockpit, c'est la routine. Le capitaine Bob Pearson et son copilote Robert Quintal ont les automatismes d'un conducteur de bus qui parcourt la même ligne depuis vingt ans. C'est alors qu'ils entendent quatre bips d'une alarme. Tirés de leur routine, les deux hommes regardent leurs écrans électroniques. Apparemment, une des pompes à carburant alimentant le réacteur gauche est tombée en panne.

Cela peut arriver. Rien de grave. Les équipements sont redondants. Ils se bornent à débrancher la pompe fautive. Un coup d'oeil sur l'ordinateur de bord signale que les réservoirs contiennent encore pas mal de kérosène. Erreur... L'avion poursuit sa route. Les passagers ne se doutent de rien. Bientôt, une deuxième alarme retentit dans le cockpit. Merde, si on ne peut plus somnoler en pilotant un jet, cela devient grave ! Les pilotes constatent qu'une deuxième pompe a rendu l'âme. C'est déjà plus inquiétant. Respectant la procédure, ils décident de diriger l'appareil vers l'aéroport le plus proche, celui de Winnipeg. Ils ne se doutent toujours pas qu'ils sont menacés de panne sèche.

Brrr... Grou... Bing... ! Le réacteur gauche décide de faire la grève sur le tas. Il s'arrête. Pas de panique, l'avion est conçu pour pouvoir voler avec un seul moteur. Les deux pilotes s'y sont déjà entraînés de nombreuses fois en simulateur. Ils préviennent les contrôleurs aériens de s'apprêter à les accueillir pour un atterrissage d'urgence. Dans la cabine, le personnel de bord prépare les passagers. Les deux pilotes ne sont pas au bout de leurs surprises. Un booooonnnng interminable s'élève d'un haut-parleur. Ils se regardent, interloqués. Jamais au cours de leur carrière ils n'ont entendu un tel signal d'alerte, pas même dans un simulateur. Cela signifie-t-il que Plastic Bertrand est dans la cabine en train de conter fleurette à une hôtesse ? Ben non, les amis ! Ce booooonnnng est tout banalement le râle d'un B767 en panne de kérosène.

Improvisation

Désormais, le commandant Pearson pilote un planeur de 180 tonnes avec 69 personnes à bord. Le dernier moteur expire. Aussitôt, toutes les lumières s'éteignent. Autant dire que c'est la panique dans la cabine. Il en va presque de même dans le cockpit. L'un des deux pilotes lâche un "Oh! Fuck!" La situation les prend complètement de court. Au bout de quelques secondes, quelques écrans se rallument grâce à la turbine de secours qui vient de se déployer à l'extérieur du fuselage. Pearson et Quintal se précipitent sur les manuels de bord pour chercher le chapitre consacré au pilotage sans moteur. Il n'existe pas ! Bref, Pearson doit improviser. Avec l'aide des contrôleurs aériens, Quintal calcule que l'appareil descend à raison de 1 500 mètres tous les 18,5 km. On fait mieux comme planeur. La perte d'altitude trop rapide ne permettra pas d'atteindre Winniped. Il faut trouver une piste plus proche. Par chance, Quintal se rappelle qu'il a servi dans la base aérienne de Gimli, toute proche.

Le cap est donc mis sur elle. Quintal déverrouille le train d'atterrissage, qui se met en place sous son propre poids. En revanche, impossible de fixer la roulette avant en position ouverte. On s'en passera. Quintal entreprend une glissade délicate pour faire perdre rapidement de l'altitude au Boeing afin d'aborder au mieux l'atterrissage. Les passagers recommandent leur âme à Dieu ou au diable. Pas de chance, la base reçoit ce jour-là le "Jour de la famille", une manifestation avec une compétition de karts. Au plus vite, la foule s'écarte pour accueillir le planeur improvisé.

Quand le B767 touche la piste, le commandant Pearson s'arc-boute sur les freins pour stopper l'appareil avant qu'il n'aille piétiner les tentes. Deux pneus explosent, mais l'avion s'arrête juste à temps. Pas de casse. Même s'il pique du nez en raison de la roulette avant mal fixée. Un petit incendie se déclare, vite circonscrit par les extincteurs brandis par les participants de la course de karts. Les passagers n'en revenant pas d'être encore vivants se précipitent, guidés par les hôtesses, vers les toboggans. Quelques-uns se blessent en atterrissant sur le sol, car le toboggan ne le touche pas à cause de l'inclinaison de l'appareil vers l'avant. C'était bien la peine que les pilotes se donnent tout ce mal.

source le point

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grincheuxmarrant
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