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grincheuxmarrant
9 août 2012

9 août 1969. Inspiré par les Beatles, Charles Manson fait massacrer Sharon Tate, l'épouse de Polanski.

Enceinte de huit mois et demi, l'actrice est sauvagement poignardée dans sa villa de Los Angeles avec quatre autres personnes.

9 août 1969. Inspiré par les Beatles, Charles Manson fait massacrer Sharon Tate, l'épouse de Polanski. 

C'est un meurtre horrible et sauvage engendré par la drogue et le diable. Cette nuit-là, une bande de démons massacre une jeune femme merveilleusement belle, timide et enceinte jusqu'aux yeux. Le mari est absent, il est à Londres où il prépare son prochain film. Elle, c'est Sharon Tate. Lui, c'est Roman Polanski.

C'est en février 1969 que le couple emménage dans cette superbe villa du 10050 Cielo Drive, surplombant Los Angeles, construite pour Michèle Morgan. Roman désire que Sharon y passe paisiblement les derniers mois de sa grossesse. Paisiblement certes, mais pas sans de petites fêtes sur fond de liberté sexuelle et de substances hallucinogènes. Ce sont les années hippies ! Le couple Roger Vadim et Jane Fonda est souvent invité, ainsi que de nombreuses autres stars. Les fins de soirée auraient certainement plu à DSK.

Un soir, par exemple, Jane Fonda est surprise dans les toilettes, à moitié déshabillée, avec Jay Sebring, le coiffeur des stars et précédent amant de Sharon. Fermons pudiquement les yeux sur ces amusettes. En juillet, la villa est vide car le couple Polanski est à Londres, où Roman achève de préparer son dernier film. Cependant, Sharon, qui arrive au terme de sa grossesse, revient y habiter dans les derniers jours du mois, laissant son époux à Londres. Il compte la rejoindre au début du mois d'août pour assister à l'accouchement.

Le vendredi 8 août, Roman appelle Sharon pour l'avertir qu'il doit retarder de quelques jours son retour. Déprimée par cette nouvelle, Sharon invite deux amies à partager son déjeuner à la villa. Dans l'après-midi, ses deux soeurs Debra et Patti lui téléphonent pour lui proposer de lui tenir compagnie durant la nuit, mais elle refuse. Sans le savoir, elle leur sauve la vie. En fait, ce soir-là, elle a déjà prévu d'inviter à dîner dans son restaurant favori, El Coyote, son ex-petit ami Jay Sebring et un couple d'amis, Wojciech Frykowski et Abigail Folger, qui logent à la villa pour prendre soin de Sharon en l'absence de Roman. Après le dîner, tous les quatre retournent au 10050 Cielo Drive.

Commando meurtrier

Sharon et Jay discutent. Wojciech sommeille sur le canapé du salon, tandis que son amie est partie lire dans leur chambre. C'est une soirée calme, agréable, chaleureuse. Dans un film d'horreur, ce serait le moment pour le scénariste de programmer un assourdissant coup de tonnerre. Dans la réalité, rien de tout cela. Mais le cauchemar est déjà en route. Dans l'allée de la propriété, une voiture quitte la dépendance habitée par le gardien pour se diriger vers le portail. Au volant, un jeune étudiant de 18 ans nommé Steven Parent. Il part après une brève visite à William Garretson, qui occupe le logement du gardien de la villa.

Ce soir-là, le jeune homme aurait mieux fait d'aller au drive-in avec sa copine. Dans quelques secondes, il sera la première victime d'une folle nuit meurtrière. En effet, en descendant l'allée, il aperçoit des ombres franchir la clôture qui protège la propriété. L'une d'elles se précipite devant sa voiture en le menaçant d'un flingue. Steven freine, tremble de peur, promet de ne rien dire. Peine perdue, l'homme qui le menace - il s'agit de Charles Tex Watson - tente de le poignarder. Le jeune étudiant essaye de se protéger avec les mains avant d'être abattu par quatre balles qui lui perforent la poitrine et le ventre. Gros plan sur ses yeux remplis de terreur. Musique angoissante du compositeur Krzysztof Komeda avec voix glaçantes, notes de piano éthérées sur trompettes hurlantes. Les spectateurs tremblent déjà de terreur au fond de leur siège.

Le commando meurtrier est composé de Charles Tex Watson, 23 ans, et de trois jeunes femmes : Susan Atkins, Linda Kasabian et Patricia Krenwinkel. Ils prétendent former une "famille", dont le patriarche est un homme de 34 ans, nommé Charles Manson. C'est un repris de justice recyclé dans la mouvance hippie qui se présente comme musicien et routard. Se posant en Christ réincarné, il crée une communauté hippie rassemblant des paumés qui vivent de vols et de trafic de drogue.

La "famille" squatte un ranch en ruine dans la Vallée de la Mort où elle carbure au LSD et à toutes les substances sur lesquelles elle met la main. Manson nourrit ses délires en écoutant les Beatles, dont les chansons, croit-il, annoncent la prise de pouvoir des Noirs. Se figurant que, une fois tous les Blancs massacrés, les Blacks viendront le supplier d'être leur maître à penser, Manson décide d'envoyer sa "famille" déclencher le Grand Soir. Comme première cible, il désigne la villa du 10050 Cielo Drive, qu'il croit encore habitée par un certain Melcher, fils de Doris Day, avec qui il a eu des démêlés.

Une cinquantaine de coups de couteau et six balles

Une fois l'étudiant Steven Parent abattu, les assaillants s'approchent de la villa. Watson s'introduit par une fenêtre du salon tandis que Atkins et Krenwinkel attendent devant la porte d'entrée qu'il leur ouvre. Kasabian reste dans le jardin pour monter la garde. Le bruit réveille Frykowski qui s'était endormi sur le canapé. À peine se redresse-t-il qu'un grand coup de tatane dans la gueule lui fait comprendre qu'il a affaire à un visiteur soupe au lait. Il lui demande ce qu'il fout là.

Watson répond : "Je suis le diable, et je suis ici pour faire le boulot d'un diable." Il ouvre ensuite la porte à Atkins et à Krenwinkel, qui rassemblent les trois autres occupants de la villa dans le salon. La grande scène d'horreur peut alors commencer. Watson attache Sharon et Jay ensemble, par le cou. Comme ce dernier proteste contre le traitement infligé à une femme enceinte, il est promptement flingué par Watson, qui, décidément, n'aime pas qu'on le contrarie. Pour faire bonne mesure, il poignarde le coiffeur à sept reprises. Et de deux !

Frykowski parvient à se libérer de la serviette utilisée pour lui lier les mains, bouscule Atkins et s'enfuit par la porte. Il n'a pas le temps d'aller bien loin, Watson le rejoint sous le porche où il le frappe à plusieurs reprises avec son revolver, puis l'abat de deux balles. Et de trois ! En entendant le raffut, Kasabian délaisse son poste d'observation dans le jardin pour se précipiter dans la villa. Épouvantée par le massacre, elle prétend que quelqu'un arrive pour tenter d'y mettre fin. Peine perdue. Krenwinkel poursuit Folger qui s'est échappée de la maison pour la poignarder à son tour. Watson, qui commence à franchement s'amuser, lui file un coup de main. La pauvre femme est percée de vingt-huit trous. Et de quatre ! Frykowski, qui a le culot de ne pas être encore tout à fait mort, est de nouveau poignardé.

Inutile de préciser que Sharon Tate, devant cette scène d'épouvante qui lui rappelle trop bien le film Rosemary's Baby tourné par Polanski l'année précédente, est folle de terreur. Elle supplie ses assaillants de l'épargner suffisamment longtemps pour donner la vie à son bébé. Espère-t-elle apitoyer ses bourreaux ? Inutile, ils sont dans un état second. Aux enquêteurs, Susan Atkins déclarera : "Ils ne ressemblaient même plus à des êtres vivants... Je ne voyais plus autrement Sharon Tate que comme un mannequin... (Elle) produisait des sons, juste comme une machine IBM... Elle n'arrêtait pas de supplier, de plaider et de plaider et de supplier, et je devenais malade de l'entendre, aussi, je l'ai poignardée." Bien entendu, Watson lui file un coup de main. Au total, Sharon reçoit seize coups de couteau en hurlant : "Maman, maman... !" Et de cinq, six !

Signe démoniaque

Les quatre démons ont achevé leur mission. Avant de décamper, Susan Atkins saisit la serviette qui avait servi à lier les mains de Frykowski, la trempe dans le sang de Sharon pour tracer le mot PIG sur la porte d'entrée. C'est Manson qui leur avait demandé de laisser un signe démoniaque sur place. Il y a pourtant un homme qui échappe à leur folie. C'est Garretson, dont le logement est invisible depuis la villa. Le lendemain, il dira aux flics prévenus du carnage par la gouvernante n'avoir rien vu, rien entendu. Le détecteur de mensonge confirme ses dires. Mais quelques décennies plus tard, il avouera avoir assisté à une partie de la série meurtrière. Terrorisé, il aurait fait le mort... Ce premier massacre s'étant révélé être un succès complet, dès le lendemain soir, Charles Manson décide une nouvelle expédition. Cette fois-ci, il veut en être. La "famille" s'entasse à bord d'une Ford blanche pour choisir une nouvelle cible. La voilà dans le quartier Los Feliz de Los Angeles. Manson hésite avant de porter son choix sur une belle villa blanche, dont les deux occupants, Leno et son épouse Rosemary LaBianca, sont assassinés sauvagement.

Dans un premier temps, les enquêteurs ne font pas le lien entre les deux meurtres. Des quartiers différents, pas le même milieu : ils pensent que la tuerie chez les Polanski est liée à une affaire de drogue. Mais la vérité finit par jaillir de la bouche de Susan Atkins, quand, mise en prison pour une autre affaire, elle se vante de son rôle dans la tuerie auprès de compagnes de cellule. Ses vantardises parviennent aux oreilles des flics, qui l'interrogent. Elle tente de négocier une peine légère en échange de ses révélations, mais, finalement, c'est Kasabian, qui n'a pas directement participé aux meurtres, qui passe un accord avec la justice. En décembre 1969, la bande est mise sous les verrous. Manson, Krenwinkel, Atkins, Watson et Van Houten (pour le meurtre des LaBianca) sont condamnés à mort. Mais le diable est de leur côté, car, à cette époque, l'État de Californie a banni la peine capitale. Aujourd'hui, quarante-trois ans après les faits, Charles Manson et sa "famille" croupissent toujours en prison, sauf Atkins, "évadée" avec l'aide d'un cancer du cerveau.

source le point

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