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grincheuxmarrant
26 février 2012

« L'espion du Président. Au cœur de la police politique de Sarkozy »

« L'espion du Président. Au cœur de la police politique de Sarkozy », par Olivia Recasens, Christophe Labbé et Didier Hassoux.
« L'espion du Président. Au cœur de la police politique de Sarkozy », par Olivia Recasens, Christophe Labbé et Didier Hassoux.
Robert Laffont
Par Alain Renon

Nom : Squarcini ; prénom : Bernard ; surnom : le squale ; âge : 56 ans ; fonction : directeur central du renseignement intérieur. Sur le papier, tout est en règle. Et logique, concèdent les trois auteurs de ce livre-enquête, Olivia Recasens, Christophe Labbé, journalistes de l’hebdomadaire Le Point, et Didier Hassoux, du Canard Enchainé. Que le président Sarkozy ait placé Bernard Squarcini à la tête de la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur), le 2 juillet 2008, quelques jours après avoir créé cette nouvelle entité de la sûreté, n’a rien d’une surprise. L’homme est un « flic » chevronné. Il a été commissaire de police et il a baigné pendant plus de 20 ans dans le petit monde des renseignements généraux (RG). Et puis, fraîchement élu à la présidence de la République, Nicolas Sarkozy l’a nommé, le 27 juin 2007, à la direction de la surveillance du territoire, la DST.

La fusion des RG et de la DST, qui donne naissance à la DCRI, fait de lui le patron « naturel » de ce que le chef de l’Etat qualifie dès lors de « FBI à la française ». L’expression est impropre (la police fédérale américaine n’a rien d’un service de contrespionnage) mais la formule est censée signifier une rupture – l’un des mots politiques-clés de Sarkozy - avec des pratiques de basse police politique, en France : surveillance des opposants, constitutions de dossiers compromettants et autres « barbouzeries » mitterrandiennes (cellule de l’Elysée) ou chiraquiennes (cabinet noir des RG).

Le premier doute de « rupture » est immédiat. La DCRI, hommes, documents, mais aussi bâtiment, à Levallois-Perret dans la banlieue nord-ouest de Paris, sont placés sous le sceau du secret-défense. En clair : inaccessibles aux journalistes et très difficilement à la justice ou au pouvoir législatif. Impossible, ou presque, dès lors de savoir ce qui se passe à la DCRI, sur quoi ses 4 000 fonctionnaires travaillent, dans quelles missions sont investis ses quelque 40 millions d’euros de budget annuel.

Au terme de leur enquête, les trois journalistes sont formels : « jamais un service de renseignement [le plus puissant que la France ait jamais connu] n’aura été autant instrumentalisé au profit d’un seul homme, Nicolas Sarkozy ». Instrumentalisation du contrespionnage à des fins privées (pour tordre le cou aux rumeurs d’infidélité de la première dame, Carla Bruni-Sarkozy ; pour s’assurer que l’amant et futur mari de celle qui l’a précédée, Cécilia, est « clean ») ; mise à contribution de la DCRI pour entraver les enquêtes judiciaires sur les soupçons de financement illégal de campagnes présidentielles (affaire Bettencourt, dans laquelle Bernard Squarcini est mis en examen, et affaire Karachi), potentiellement menaçantes pour le chef de l’Etat) ; constitution de dossiers sur Dominique Strauss-Kahn, Martine Aubry et désormais sur François Hollande, candidat socialiste à l’élection présidentielle...

La liste est longue et les moyens mis au service de ces intérêts personnels, très sophistiqués et inquiétants. Parce que des outils techniques du contrespionnage sont, à la lecture du livre, au-delà de ce qu’on imagine le plus souvent : siphonage à distance de disques durs d’ordinateurs, surveillance des conversations téléphoniques, pistages par vidéosurveillance publique, etc. Presque toujours en parfaite illégalité.

Mélange de réseaux (notamment ceux, connectant flics et voyous, en Corse, dont Squarcini est originaire et tributaire), confusions de loyautés et, même, « instrumentalisation de la menace terroriste » pour détourner l’attention, quand surgissent des affaires délicates pour le pouvoir... Le tableau de la DCRI et de l’activité de « L’Espion du Président » sont glaçants. En raison des pratiques du contrespionnage, de sa traque consciencieuse des journalistes ou magistrats qui osent enquêter sur ses dérives, mais aussi et plus encore, parce que ce temps, ces hommes et ces moyens financiers au service exclusif de l’Elysée, contribuent à l’affaiblissement de la sécurité de la France et de celles et ceux qui y vivent.

source http://www.rfi.fr/emission/20120219-espion-president-coeur-police-politique-sarkozy-o-recasens-labbe-hassoux-editions-

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grincheuxmarrant
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