Sarkozy sommé de s'expliquer sur l'affaire Bettencourt

Plusieurs responsables politiques appellent Nicolas Sarkozy à s'expliquer sur le financement de sa campagne en 2007. Nicolas Sarkozy a-t-il reçu de l'argent liquide de la famille Bettencourt pour financer sa campagne en 2007 ? C'est la question que semble se poser le juge d'instruction bordelais Jean-Michel Gentil et qui agite ce mardi les responsables politiquesde l'opposition.

Comme le Front national, Eva Joly estime mardi que le président-candidat doit «renoncer à son immunité et aller s'expliquer», tandis que le porte-parole du MoDem Yann Werhling exige la vérité pour «la démocratie française».

Selon plusieurs médias, le placement en détention provisoire de Patrice de Maistre, l'ancien gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt écroué depuis vendredi, est lié à un financement illégal de l'UMP. L'ordonnance du magistrat précise qu'il s'intéresse aux «montants considérables de 4 millions d'euros» en liquide remontés des comptes suisses de l'héritière de L'Oréal «du 5 février 2007 au 7 décembre 2009», dont 800 000 euros en 2007.

800 000 euros mis à disposition en 2007

Selon l'ordonnance du 22 mars, une première remise de 400 000 euros a lieu le 5 février, «deux jours avant (un) rendez-vous dans un bar entre Patrice de Maistre et Eric Woerth», le trésorier de l'UMP (puis ministre) à qui Patrice de Maistre avait indiqué vouloir remettre de l'argent, selon les déclarations constantes de l'ancienne comptable des Bettencourt, Claire Thibout. Le deuxième retour d'argent de Suisse a lieu entre les deux tours, le 26 avril 2007, alors que François-Marie Banier, proche de l'héritière de l'Oréal, fait état, dans son journal, d'une conversation de Liliane Bettencourt qui lui confie : «De Maistre m'a dit que Sarkozy avait encore demandé de l'argent. J'ai dit oui». Selon les extraits de son audition cités par «Le Monde» ce mardi, le photographe se serait montré embarrassé pour expliquer ses écrits. 

«Le scandale, c'est qu'il y a une enquête ouverte sur l'affaire Bettencourt mais qui ne couvre pas le financement illicite de la campagne de Nicolas Sarkozy 2007», a souligné mardi sur Canal + Eva Joly, candidate d'Europe-Ecologie-Les Verts. Selon elle, le président-candidat doit «renoncer à son immunité et aller s'expliquer». «Le test de notre démocratie, c'est de savoir si on va donner les moyens de travailler au juge Gentil. Est-ce que le procureur de Bordeaux va donner les supplétifs pour continuer l'enquête alors que nous avons cette indication de financement illégal ?», s'est interrogée l'ex-juge d'instruction.

Le MoDem exige la vérité pour la «démocratie française»

«Il serait souhaitable que l'on sache très vite ce qu'il en est», a déclaré pour sa part Yann Werhling lors d'un point presse du MoDem. «C'est tout le pays qui a besoin de savoir, c'est la démocratie française qui nécessite que l'on connaisse les tenants et aboutissants de cette affaire», a-t-il souligné, ajoutant, fataliste : «Tout le monde peut souhaiter que le président de la République s'explique, mais il ne le fera pas. Quand les journalistes lui posent des questions sur les affaires, il ne répond pas et se montre agressif, fébrile. C'est à la justice d'établir les faits».

Lundi, le FN avait également appelé le président-candidat à s'expliquer sur le financement de sa campagne 2007, évoquant des «soupçons considérablement renforcés». Pour Wallerand de Saint Just, porte-parole de campagne de Marine le Pen, «Nicolas Sarkozy doit maintenant avoir à répondre, avant le premier tour, à la question suivante : "Avez-vous reçu, pour la campagne de 2007, de l'argent liquide, notamment en provenance de la famille Bettencourt ? Dans l'affirmative, combien ?». «Si Marine Le Pen lui est confrontée, elle posera la question. En tout état de cause, il est nécessaire que les journalistes la lui posent officiellement», avait-il suggéré dans un communiqué.

source le parisien