Joly somme Sarkozy de "prendre rendez-vous" avec les juges
La candidate écologiste Eva Joly s'en est violemment prise vendredi à Nicolas Sarkozy, "cerné par les enquêtes judiciaires". Elle l'a accusé d'être surtout candidat "pour se protéger contre la justice".
« Il doit s'expliquer avant le premier tour. Les Français ont le droit de savoir », a-t-elle lancé sur RMC et BFMTV.
« Qu'est-ce qu'il nous faut pour réagir? », s'est-elle exclamée. « Nous venons de découvrir (...) qu'il y a eu des retraits de millions d'euros sur les comptes de (la patronne de L'Oréal Liliane) Bettencourt, qui confirment ce que nous savions déjà sur les rendez-vous entre de Patrice de Maistre (ex-gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt) et Eric Woerth », trésorier de la campagne de Nicolas Sarkozy à l'époque.
Le juge Jean-Michel Gentil, en charge de l'enquête sur les « abus de faiblesse » au détriment de Mme Bettencourt, cherche à savoir ce que de Maistre a fait de quatre millions d'euros qu'il a fait rapatrier de 2007 à 2009 depuis des comptes suisses de Mme Bettencourt, et notamment de deux sommes de 400.000 euros rapportées à des dates précises, en pleine campagne électorale de Nicolas Sarkozy en 2007.
Pour Eva Joly, « cela pose la question de la sincérité du scrutin de 2007 ». « Nicolas Sarkozy est cerné aujourd'hui par les enquêtes judiciaires: il y en a quatre en cours qui sont très proches de lui et il ne s'explique pas, il se cache derrière l'immunité présidentielle. C'est un scandale ».
Et de poursuivre sa charge: « voulons-nous réellement donner un deuxième mandat à un homme qui a donné des explications fausses sur son patrimoine en 2007, qui n'explique pas comment il a acquis son appartement de l'île de la Jatte (à Neuilly, NDLR) et qui était impliqué dans les comptes erronés de Balladur en 1995? », s'est-elle insurgée. Et « il y aussi la suspicion de financement par la Libye », a-t-elle ajouté.
Selon Mediapart, alors que Sarkozy avait dit en 2007 avoir financé l'achat de son appartement grâce à un prêt de l'Assemblée nationale de plus de 3 millions de francs, ce prêt ne figurerait pas sur l'acte de vente. A l'époque, un député ne pouvait par ailleurs pas emprunter plus de 1,2 million de francs auprès de l'Assemblée.
« Nous ne savons pas si Nicolas Sarkozy est candidat à un deuxième mandat pour réellement diriger la France ou pour se protéger contre la justice », a accusé Eva Joly. En tout cas, « il y a une suspicion et il devrait lever cette suspicion » en prenant « rendez-vous avec le juge Gentil », en charge de l'affaire Bettencourt, « et Renaud Van Ruymbeke », qui instruit l'affaire Karachi
source france soir