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grincheuxmarrant
11 mai 2012

La Grèce va-t-elle sortir de la zone euro?

La faillite de la Grèce et la sortie de la zone euro ne sont plus taboues. Les hypothèses sont même clairement sur la table des négociations. Les arguments pour... et les arguments contre.

Trois des quatre ministres du parti d'extrême droite grec Laos s'opposant aux nouvelles mesures d'austérité demandées par les créanciers du pays ont présenté vendredi 10 février leur démission
Trois des quatre ministres du parti d'extrême droite grec Laos s'opposant aux nouvelles mesures d'austérité demandées par les créanciers du pays ont présenté vendredi 10 février leur démission

POUR

Les Grecs ne s'entendront jamais sur l'austérité

Lors des élections législatives de dimanche, les cinq partis hostiles à l'austérité ont attiré 43% des suffrages contre seulement 36% pour les deux partis qui soutiennent les mesures d'économies budgétaires et les réformes structurelles réclamées par les créanciers du pays. Des résultats qui rendent impossible la constitution d'une coalition gouvernementale. Antonis Samaras, le leader du parti conservateur de la Nouvelle démocratie, arrivé en tête aux élections, et Alexis Tsipras, le chef de la gauche radicale Syriza, arrivée deuxième, s'y sont déjà cassés les dents. Jeudi, c'était au tour d'Evangélos Vénizélos, le dirigeant des socialistes du Pasok, de tenter sa chance.

 En cas d'échec, le chef de l'Etat réunira l'ensemble de chefs de partis dans une ultime tentative pour doter le pays d'un gouvernement d'union national. Et si cela ne donne rien, de nouvelles élections seront à nouveau convoquées en juin. Reste à savoir si cela peut vraiment changer la donne. Car, malgré l'attachement d'une majorité de grecs à la zone euro, les raisons du refus de l'austérité sont profondes. Or le temps est désormais compté.

Le risque de faillite est imminent

L'Etat grec ne paye ses dettes et ne boucle ses fins de mois que grâce aux deux plans d'aide de quelque 239 milliards d'euros approuvé par l'Europe, la BCE et le FMI en mars 2010 et mai 2011. Des tranches sont régulièrement débloquées pour lui permettre de faire face à ses besoins. Mais cette aide est soumise à condition : le respect des engagements de réduction du déficit et l'adoption de réformes structurelles pour remettre le pays sur les rails.

 Tout refus de s'y conformer entraînerait la suspension de ces subsides et donc le défaut de paiement immédiat du pays. Les résultats des élections législatives ont déjà conduit le Fonds européen de stabilité financière à ne verser que 4,2 milliards d'euros sur les 5,2 milliards qui étaient normalement prévu cette semaine. Mais il ne s'agit encore que d'un coup de semonce. Car quelque 30 milliards d'euros d'aides sont en jeu au mois de juin. La question de la mise en faillite du pays le mois prochain est bel et bien posée.

Son départ de la zone euro n'est plus tabou

Le refus des Grecs de supporter davantage d'austérité se heurte au refus des créanciers de renégocier les accords conclus. L'Allemagne et la Banque centrale européenne se montrent par nature intransigeants. "Il doit être clair pour la Grèce qu'il n'y a pas d'alternative au programme d'assainissement convenu, si elle veut rester membre de la zone euro", a ainsi déclaré Jörg Asmussen, membre du directoire de la BCE au quotidien économique allemand Handelsblatt.

 Mais l'éventualité de la sortie de la Grèce est aussi posée dans les autres pays. On se demande en effet s'il faut continuer à soutenir à fonds perdu un Etat qui a déjà reçu 143 milliards d'euros d'aides sur 240 milliards et vu effacer quelque 100 milliards d'euros de dettes. Et ce d'autant plus que la récession actuelle amène encore plus chacun à compter ses sous. Enfin, l'hypothèse de la sortie de la Grèce est d'autant plus évoquée qu'elle semble aujourd'hui plus gérable qu'il y a deux ans. L'échange de dette a en effet transféré l'essentiel du risque des banques aux Etats européens et aux institutions internationales, le secteur privé ne détenant plus que 27% des obligations grecques contre 61% auparavant. C'est un vecteur de contagion de la crise qui a disparu. Pour Dominique Seux, du journal Les Echos, il existe ainsi aujourd'hui "plus d'une chance sur deux" pour la Grèce fasse défaut.

CONTRE

Une facture de 400 milliards

La Grèce conserve toutefois encore des moyens de pression pour tenter d'obtenir une renégociation des conditions de son aide. Le principal étant, pour Bloomberg, les 400 milliards d'euros qu'elle doit à des créanciers privés mais surtout à des Etats européens (80 milliards) et à des institutions financières internationales comme le FMI ou la BCE (252 milliards). Une faillite de la Grèce entraînerait en effet une perte pour les Etats concernés, qui pourraient donc être tentés d'y regarder à deux fois avant de l'accepter. Mais Bloomberg pointe surtout les conséquences pour la Banque centrale européenne. Car celle-ci n'a toujours pas revu en baisse la valeur des obligations grecques qu'elle détient (55 milliards). Ce qui rendra la perte finale d'autant plus importante en cas de faillite du pays.

 De plus, la sortie de la Grèce de la zone euro poserait la question des 104 milliards d'euros dus par la Banque centrale de Grèce à ses homologues de la zone euro. Car tous les échanges commerciaux et financiers d'un pays de la zone euro à un autre se traduisent par des transferts entre banques centrales. Or c'est la BCE qui centralise le tout en jouant le rôle de chambre de compensation. Une sortie de la Grèce aurait donc des conséquences importantes sur le bilan de la BCE. Ce qui rendrait obligatoire, selon Bloomberg, de procéder à une augmentation de son capital. Problème: les Etats européens n'ont plus d'argent

source l'express

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grincheuxmarrant
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